Affaire Mohammed al-Durah

L’avenue Al Qods dans le centre de Bamako au Mali. La peinture murale représente la photo prise à l'instant précédant la mort de Mohammed al-Durah.

L’affaire Mohammed al-Durah[N 1] (en arabe : محمد الدرة) désigne les controverses générées par la diffusion d’un reportage de France 2 et Charles Enderlin sur la mort d’un enfant palestinien de 12 ans, Mohammed al-Durah, tué par balles alors que son père tentait de le protéger, lors d’échanges de tirs dans la bande de Gaza entre les Forces de sécurité palestiniennes et l’armée israélienne, le , au début de la seconde intifada.

Le journaliste franco-israélien Charles Enderlin est le premier journaliste à commenter les images à la suite du film des événements pris par son caméraman. Pour Enderlin, dans son premier reportage puis dans son livre écrit par la suite sur cette affaire, l'enfant est victime de tirs israéliens. Son reportage est diffusé le soir même sur France 2 au journal de 20 heures et repris à travers le monde.

Une controverse en deux temps issue de commentateurs pro-israéliens prend corps peu après la diffusion du reportage, d'abord sur la provenance des balles tirées sur le jeune Mohammed al-Durah (ce seraient les Palestiniens qui auraient tué l'enfant, et non l'armée israélienne), ensuite sur l'allégation d'une « mise en scène » des Palestiniens, selon laquelle l'enfant n'aurait pas été tué. Lancée et soutenue en France par un petit nombre de personnes (Gérard Huber, Stéphane Juffa, puis Philippe Karsenty, Luc Rosenzweig), cette controverse est devenue avec le temps une polémique multiforme à rebondissements judiciaires.

L'affaire est qualifiée de diverses manières de « campagne »[1],[2] ayant des enjeux politiques et idéologiques[3],[4],[5],[1],[6]. Mediapart la présente comme « une machine sophistiquée »[7] qui « connaît nombre de réitérations »[8].

Dans les dernières années, l’affaire s’est polarisée autour du procès en diffamation intenté par France 2 et Charles Enderlin à Philippe Karsenty, qui, en 2004, avait dénoncé une « imposture médiatique ». Condamné le par le tribunal de grande instance de Paris, Philippe Karsenty a fait appel et a été relaxé le . Charles Enderlin et France 2 se pourvoient en cassation et le , la Cour de cassation renvoie les deux parties vers un nouveau jugement. Le , la Cour d’appel entend de nouveau les parties et son arrêt, rendu le , condamne cette fois Philippe Karsenty[9].


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  1. a et b Guillaume Weill-Raynal, Les nouveaux désinformateurs, Armand Colin, 2007.
  2. Dominique Vidal, « Au nom du combat contre l'antisémitisme,] », Le Monde diplomatique.
  3. Hervé Deguine, « EDITO : A vous de juger », Médias, no 11,‎ .
  4. Guillaume Weill-Raynal, La communauté juive française, la seconde Intifada, et « l’affaire Al Doura », Confluences Méditerranée numéro 72, numéro sur "La Palestine en débat", p. 75-82. (ISSN 1148-2664), (ISBN 978-2-296-10418-1), L'Harmattan, Paris.
  5. Dominique Vidal, « Acharnement contre Charles Enderlin », Le Monde diplomatique, .
  6. Isabelle Hare, Le rêve brisé de Charles Enderlin: transposition du conflit israélo-palestinien devant les locaux de France 2 in XVIIe congrès international des sociologues de langue française, Actes de travaux du groupe de travail "Sociologie de la communication", Tours, 5-, France, p. 166-174, [PDF].
  7. François Bonnet, « Charles Enderlin : Dix années de traque, et ce n’est pas fini », Mediapart, 11 octobre 2010.
  8. Jérôme Bourdon, « Qui a tué Mohammed el-Dura ? De la mise en doute informatique d’un fait journalistique : Paroles publiques : Communiquer dans la cité », Hermès no 47, 2007, p. 92, lire en ligne.
  9. « Accusations de reportage truqué en Israël : la justice donne de nouveau raison à Charles Enderlin », sur Le Monde, .