Ahmadisme

Mirza Ghulam Ahmad vers 1897.

L'ahmadisme ou Ahmadiyya (en arabe : الجماعة الإسلامية الأحمدية, al-jamāt al-islāmiyya el-ahmadiyya ; en ourdou : احمدیہ مسلم جماعت, ahmadiyya muslim jamāt) est un mouvement traditionniste fondé par Mirza Ghulam Ahmad à la fin du XIXe siècle au Penjab, alors sous domination britannique.

Mirza Ghulam Ahmad (1835-1908), un musulman né à Qâdiyân au Pendjab indien (à environ 50 km au nord-est d'Amritsar), fait la paix avec les Anglais et stoppe tout prosélytisme en se présentant comme une réapparition du Messie pour les chrétiens, avatâr de Vishnou pour les hindous[1].

À partir de 1889, Ahmad proclame qu'Allah lui a confié la tâche de restaurer l'islam dans sa pureté et il se déclare مجدد mujaddid (« rénovateur »), muhaddith (« traditionniste »[2])[3]. Cette position fait de l'ahmadisme un mouvement vivement combattu par les courants majoritaires de l'islam pour lesquels Mahomet est le dernier prophète. L'ahmadisme a ainsi été déclaré « non-musulman » par le Parlement pakistanais en 1974[4].

À sa mort, ses adeptes élisent un calife et vivent en communauté indépendante[1]. Aujourd'hui encore, très dynamiques, les ahmadis sont présents dans 190 pays, la moitié au Pakistan et le reste en Inde, au Nigeria, au Suriname, aux États-Unis, au Canada (où le premier ministre Justin Trudeau a rencontré le calife actuel, Mirza Masroor Ahmad, en 2016[5]), en France[6], etc. Ils ont été déclarés non musulmans et persécutés au Pakistan, en Afghanistan, en Arabie saoudite et en Algérie[7]. Le mouvement est très actif dans le domaine de l'humanitaire, surtout en Afrique[8], en construisant des hôpitaux, cliniques et dispensaires gratuits.

Depuis une scission en 1914, ce mouvement comprend deux courants distincts, la Communauté musulmane Ahmadiyya et le mouvement Ahmadiyya de Lahore (en). Le nombre d'adeptes du mouvement - les ahmadis - est généralement estimé, selon divers commentateurs indépendants, à 10 à 20 millions[9], bien qu'il en revendique lui-même plus de 10 millions à travers le monde[10],[11],[12]. En 1999, le mouvement revendiquait 4,7 millions de membres au Pakistan, ce qui était contesté par les autorités musulmanes concurrentes[13]. Ils seraient 7 millions au Pakistan en 2020. Environ 130 000 ahmadis seraient réfugiés en Inde [14], surtout au Penjab, où ils sont considérés comme musulmans par les autorités indiennes, mais sont recensés comme ahmadis par la communauté ahmadie en Inde.

  1. a et b (fr) Lucien Bouvat, Les Ahmadiyya de Qadian, éd. BoD (Books on Demand), Norderstedt, 2013, p. 161.
  2. On donne parfois محدث muhaddith puis مهدي mahdi (« guide »
  3. Denise Brégand, « La Ahmadiyya au Bénin », Archives de sciences sociales des religions, no 135,‎ , p. 73-90.
  4. Yohanan Friedmann et Jane Dammen McAuliffe (dir.), « Amadiyya », dans Encyclopaedia of the Qurān, Brill, , p. 50.
  5. « Prière musulmane au Parlement : le gouvernement Trudeau se défend », sur HuffPost Québec, (consulté le )
  6. Romain Sèze, « L’Ahmadiyya en France. Une minorité musulmane en quête de reconnaissance », Archives de sciences sociales des religions, no 171,‎ , p. 247–263 (ISSN 0335-5985, DOI 10.4000/assr.27152, lire en ligne, consulté le )
  7. Amnesty International, « Algérie. Vague d’arrestations et de poursuites contre des centaines d’ahmadis », Amnesty International,‎ (lire en ligne)
  8. Bakri Abedi (trad. du swahili par Mathieu Roy), Un diamant d'Afrique: vie du cheikh Kaluta Amri Abedi, 1924-1964, Paris, DL2A Buluu Publishing, , 448 p. (ISBN 979-10-92789-26-3, BNF 45053716, lire en ligne).
  9. Voir :
  10. (en) « Meet the Ahadis (The News Mississauga) », sur ahmadiyya.ca, Ahmadiyya Canada, .
  11. (en) « Pakistan: Prosecute Ahmadi Massacre Suspects », Human Rights Watch.
  12. (en) « Who are the Ahmadi? », BBC.
  13. Munawwar Ahmad Malik, Accroissement du Nombre dans La Jamaat Ahmadiyya: 5 Millions de Baiths en 1999 ! Mythe ou Réalité ?, Al Hafeez, (lire en ligne).
  14. (en) « Number of Ahmadis in India », Immigration and Refugee Board of Canada, (consulté le ).