Anthropologie historique

L’anthropologie historique est une branche à vocation interdisciplinaire de la recherche historique apparue durant la seconde moitié du XXe siècle, principalement en France, dans un contexte d'évolution historiographique lancée initialement par l’École des Annales, mais aussi au Royaume-Uni, aux États-Unis ou encore en Allemagne.

Reprenant en histoire l'approche des sociétés primitives par l'ethnologie et l'anthropologie, notamment pour le Moyen Âge, l'anthropologie historique est caractérisée par sa pluridisciplinarité ainsi que par son intérêt pour les formes de la vie quotidienne, les habitudes et certains phénomènes culturels (parenté, famille, enfance, alimentation, rituels, musique, costumes, etc.). Elle fut également influencée par l'anthropologie structurale de Claude Lévi-Strauss (rôle des processus collectifs inconscients).

L'anthropologie historique est, avec l'histoire des mentalités, l'une des principales dimensions de la « Nouvelle Histoire », moment historiographique de la fin des années 1960 rattaché à la troisième génération de l’École des Annales. Ceci correspond à la renaissance de l'intérêt pour l'histoire lors de l'essoufflement du paradigme structuraliste qui privilégie les démarches synchroniques. Plus que l'étude d'un type d'objet en particulier, l'anthropologie historique est surtout une méthode, une démarche pour relier sur le long terme l'évolution d'institutions, de coutumes ou de techniques à leur résonance collective en matière de comportements et de discours. Ses principaux représentants en France sont Emmanuel Le Roy Ladurie, André Burguière, Jacques Le Goff, Jean-Pierre Vernant, Pierre Vidal-Naquet, Nicole Loraux. Ce courant historiographique a reflué dans les années 1980 lors du tournant critique contre l’École des Annales, évoluant vers un pluralisme interprétatif.

L'anthropologie historique comprend également des auteurs anglophones (Peter Burke, Eric Wolf, etc.) et germanophones (August Nitschke et Hans Suessmuth, par exemple).