L’apartheid (mot afrikaans partiellement dérivé du français[Note 1], signifiant « séparation, mise à part »[1]) était une politique de « développement séparé » (afsonderlike ontwikkeling) affectant, selon des critères raciaux ou ethniques, les populations d'Afrique du Sud concernées dans des zones géographiques déterminées. Cette politique a été conçue et introduite à partir de 1948 en Afrique du Sud (union d'Afrique du Sud, puis république d'Afrique du Sud) par le Parti national, puis finalement abolie le . Par la suite, « le crime d'apartheid » a été étendu par la Cour pénale internationale à toute situation où sont en vigueur « des politiques similaires de ségrégation raciale et de discrimination »[2].
La politique d'apartheid se voulait l'aboutissement institutionnel d'une politique et d'une pratique jusque-là empirique de ségrégation raciale (Pass-laws, baasskap et colour bar), élaborée en Afrique du Sud depuis la fondation par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales de la colonie du Cap en 1652. Avec l'apartheid, le rattachement territorial (puis la nationalité) et le statut social dépendaient du statut racial de l'individu. L'apartheid a également été appliqué de 1959 à 1979 dans le Sud-Ouest africain (actuelle Namibie), alors administré par l'Afrique du Sud.
La politique d'apartheid fut le « résultat de l'anxiété historique des Afrikaners obsédés par leur peur d'être engloutis par la masse des peuples noirs environnants »[3]. Les lois rigides qui en résultèrent, « dictées par une minorité blanche dynamique obsédée par sa survie » en tant que nation distincte, furent ainsi le résultat d'une confrontation, sur une même aire géographique, d'une société sur-développée, intégrée au premier monde avec une société de subsistance, encore dans le tiers monde, manifestant le refus de l'intégration des premiers avec les seconds[4].
Après le massacre de Sharpeville[5] en 1960 et dans le contexte de la décolonisation, les critiques internationales contre l'apartheid commencent à prendre de l'ampleur (exclusion de l'Organisation mondiale de la santé, du Bureau international du travail puis du Comité international olympique, retrait du mandat sur le Sud-Ouest africain). Mais ce n'est qu’après les émeutes de Soweto[6],[7] en 1976 que des sanctions internationales contraignantes (embargo sur les ventes d'armes) sont imposées par le Conseil de sécurité des Nations unies contre l'Afrique du Sud. Les réformes entamées sous les gouvernements de Pieter Botha (autorisation de syndicats non blancs puis mixtes, abolition des emplois réservés, nouvelle constitution ré-instaurant de droits politiques aux indiens et aux métis, abolition de la loi sur les laissez-passer et de celle interdisant les mariages mixtes, ouverture des lieux publics à toutes les communautés) ne suffisent pas à enrayer la multiplication des sanctions internationales bilatérales (restrictions diplomatiques ou commerciales, embargo sur les importations de charbon, refus d'exportation de technologies), tandis que les townships deviennent ingouvernables.
À la suite de l'arrivée au pouvoir en du président Frederik de Klerk et à la libération, après vingt-sept années d'emprisonnement, le , de Nelson Mandela, chef de file de la lutte contre l'apartheid, les dernières lois piliers de l'apartheid (notamment le group Areas Act et le Population Registration Act) sont abolies en juin 1991[8]. Les négociations constitutionnelles (CODESA) menées entre le gouvernement, le Congrès national africain, le parti national et les principaux partis politiques sud-africains aboutissent à l'élaboration d'une Constitution intérimaire, aux premières élections parlementaires non raciales au suffrage universel () et à l'élection de Nelson Mandela comme premier président noir d'Afrique du Sud le .
Pour avoir pacifiquement mis fin à la politique d'apartheid et entamé des négociations politiques, Nelson Mandela et Frederik de Klerk reçoivent conjointement le prix Nobel de la paix en décembre 1993 à Oslo (Norvège)[9],[10].
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