L'Asantehemaa est une reine mère selon la coutume d'Afrique de l'Ouest qui dirige l'Empire ashanti aux côtés de l'Asantehene. Les reines mères africaines jouent généralement un rôle important dans le gouvernement local ; elles exercent un pouvoir à la fois politique et social[1]. Leur pouvoir et leur influence ont considérablement diminué depuis l'époque précoloniale[2], mais subsiste encore au XXIe siècle.
Elles ont un rôle important dans la tradition Akan qui est basée sur la descendance matrilinéaire[3]. Elles sont présentes dans les nations comme le royaume ou empire ashanti, qui fait partie du groupe ethnique Akan[4]. Dans les régions du Ghana où la culture Akan est prédominante, chaque ville a un chef et une reine mère qui règnent en parallèle du système politique moderne[5].
Les Asantehemaa sont liées au système de succession traditionnel Akan d'alternance patrilinéaire et matrilinéaire. Il ne s'agit pas, par confusion avec les reines mères en Europe, de la mère de l'héritier ou du roi en fonction. Elles possèdent des symboles d'autorité dont le plus important est le Siège, un trône sculpté et décoré d'or. Bien qu'il existe également des reines mères au sein des chefferies et des États internes à l'Empire Ashanti, le titre d'Asantehemaa n'est donné qu'à la reine mère désignée pour régner aux côtés de l'Asantehene, l'Empereur Ashanti. L'ensemble forme un modèle politique pyramidal dont les deux fonctions suprêmes sont celles du roi et de la reine mère[6].
L'Asantehemaa est choisie par l'Asantehene dans la lignée royale, parmi les femmes les plus âgées. Il ne s'agit donc pas systématiquement de la mère du roi ou d'un héritier. Cependant, cette fonction offre une influence sur les décisions en matière de succession[6]. Elle est considérée comme la généalogiste royale et a la responsabilité de déterminer la légitimité des membres de la lignée royale[7]. Les fonctions du roi et de la reine mère sont complémentaires. L'Asantehene est le dirigeant public, guidé dans l'ombre par les conseils de l'Asantehemaa. Celle-ci prend en charge plusieurs sujets de la politique intérieure, tels que le bien-être des femmes et des enfants ou encore la gestion des conflits entre communautés et chefferies. De plus, elle tient une session avec des anciens et des linguistes deux fois par semaine au palais de Kumasi afin de régler les conflits d'ordre spirituel ou culturel. Traditionnellement, le rôle de l'Asantehemaa consiste à préserver les coutumes, les rituels et l'identité ashanti[6].