Un autoportrait est la représentation imagée d'une personne par elle-même : dessin, peinture, gravure, sculpture, écriture et, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, photographie.
Bien que la pratique des arts plastiques ait cours depuis les temps les plus reculés, ce n'est qu'en Europe que l'autoportrait est apparu en tant que genre artistique et seulement à partir de la fin du XIVe siècle[1] : d'abord selon le procédé du caméo (insertion du portrait dans des compositions de grands formats) puis, à la fin du XVe siècle, de façon cette fois totalement indépendante.
L'autoportrait émerge essentiellement en raison de deux facteurs. Le premier, d'ordre technique, est le développement de la miroiterie, qui permet à un plus grand nombre d'individus de découvrir l'apparence de leur visage ; le second, de nature anthropologique, concerne le changement de statut social du fabricant d'images qui, d'artisan anonyme et serviteur de l'Église qu'il était, se transforme en quelques années à peine en artiste courtisé par les puissants et qui estime finalement légitime le fait de se représenter soi-même en tant que « sujet » du tableau[2].
On peut donc l'analyser selon deux voies à la fois distinctes et complémentaires :
À la différence de tous les autres genres artistiques, l'autoportrait présente la particularité que celui qui réalise l'œuvre (le « fabricant »), celui qu'elle représente (le sujet) et celui qui en est à l'initiative (le commanditaire) ne sont qu'une seule et même personne. Avec l'apparition des réseaux sociaux et du selfie au début du XXIe siècle, un quatrième « membre » se greffe sur cette trinité : le diffuseur[3].
Plus que tout autre genre, donc, l'autoportrait informe le spectateur de la façon dont vie publique et vie privée interagissent au fil des époques, en même temps qu'il l'interroge sur son statut même et celui de la pratique artistique dans son ensemble. Il constitue par conséquent un matériau précieux non seulement pour les historiens de l'art mais également les psychologues et les sociologues.