Le brigasque (en brigasque brigašc, en royasquebrigasc) est une variété du dialecte royasque. Il est parlé dans le Pays brigasque (Terra Brigasca), aux confins de la France (La Brigue) et de l'Italie (Briga Alta, Realdo et Verdeggia). Il est appelé ligurien alpin, car son territoire s'étend à la fois sur le Piémont et la Ligurie actuels, et que les territoires relevaient naguère du Comté de Nice.
Il est illustré par les revues locales R̂ nì d'áigüra (le Nid d'aigle, où « R̂ »[1] est l'article masculin) et A Vaštéra, üniun de tradisiun brigašche.
Néanmoins, dans le passé, et notamment peu après la cession de Brigue et de Tende à la France, en 1947, a été défendue l'attribution, plus ou moins exclusive, du brigasque et du royasque au système des dialectes vivaro-alpins (et donc occitans et provençaux[3])[4], tandis que plus récemment, les linguistes spécialistes du domaine reconnaissent la prévalence de traits phonétiques, lexicaux et morphologiques liguriens (Werner Forner[5], Jean-Philippe Dalbera[6] et Giulia Petracco Sicardi[7]).
Les traits structuraux sont ligures, mais les influences occitanes, notamment au niveau du lexique, sont cependant nombreuses. La revendication, côté italien, du brigasque comme occitan[8] lui permet en tout cas de bénéficier des effets de la loi n° 482/1999 en matière de minorités historiques, dont sont exclus les parlers nord-italiens.
Les Brigasques sont entre 700 et 800 à parler le brigasque, ainsi répartis :
commune de La Brigue (R̂ a Briga), avec le hameau de Morignole ;
commune de Briga Alta, formé des hameaux de Piaggia, Upega et Carnino ;
↑« De fait, la communauté de la Brigue trouve ses plus lointaines origines dans les émigrations du XIIe siècle après la conquête du Languedoc et de la Provence par les "barons du Nord", conquête suivie de persécutions religieuses (note 10). Ainsi, sa langue est un parler provençal avec un ancien substratum ligurien dans lequel se mélangèrent des mots venant du français. (Note 10) On trouve des traces de la civilisation provençale dans quelques vallées alpines du Piémont [...] En Ligurie on peut reconnaître des traces plus minimes en Basse-Roya (Olivetta San Michele, Airole, Libri) et dans les communes de Rochetta Nervina, Pigna et Triora. » Guido Lucarno, « Le traité de paix de 1947 entre l'Italie et la France. Conséquences sur la frontière et sur le développement de la vallée de la Roya », p. 121 in André-Louis Sanguin, Mare Nostrum : dynamiques et mutations géopolitiques de la Méditerranée, Paris : L'Harmattan, 2000.
↑Werner Forner, « La fumée et le feu. À propos des tentatives de délimitation de l’aire occitane sud-orientale. Première partie : De 1850 à 1950 », in P. Fabre (éd.), Mélanges dédiés à la mémoire du Prof. Paul Roux, La Farlède (Association varoise pour l’enseignement du provençal), 1995, pp. 155-180.
↑Werner Forner, « À propos du ligurien intémélien. La côte, l’arrière-pays », in Travaux du Cercle Linguistique de Nice, 7-8 (1985-1986), pp. 29-61 ; Werner Forner, « Areallinguistik I: Ligurien », in Lexikon der Romanistischen Linguistik (LRL), IV, Tübingen 1988, pp. 453-469 ; Werner Forner, « Géographie linguistique et reconstruction, à l’exemple du ligurien intémélien », in Actes du I Colloque international sur l’ancien provençal, l’ancien français et l’ancien ligurien, Nice sept. 1986 (« Bulletin du Centre de Romanistique et de Latinité Tardive »), Nice 1989, pp. 125-140 ; Werner Forner, « Fra Costa Azurra e Riviera: tre lingue in contatto », in V. Orioles, Fiorenzo Toso (éd.), Circolazioni linguistiche e culturali nello spazio mediterraneo. Miscellanea di studi, Recco 2008, pp. 65-90.
↑Jean-Philippe Dalbera, Les parlers des Alpes-Maritimes. Étude comparative. Essai de reconstruction. Londres 1994, publication de l’Association internationale d’études occitanes.
↑Giulia Petracco Sicardi, E. Azaretti, « Studi linguistici sull’anfizona Liguria-Provenza », in Dizionario Etimologico Storico Ligure, Alessandria 1989, a pp. 11-62, di Giulia Petracco Sicardi, "Contributo alla definizione dell’anfizona Liguria-Provenza.
↑« Le Brigasque présente une composante occitane qui dément la conviction de quelques personnes selon laquelle ce parler ferait partie des dialectes ligures. Le sentiment d’appartenir à la culture occitane est suffisamment partagé par les habitants » sur le site d'A Vaštéra