Le Classique des documents, en chinois Shu Jing (Chou King) 書經, Shu 書 ou Shang Shu 尚書, est un recueil de documents (discours, conseils, décrets, etc.) concernant la politique et l’administration des souverains de l’Antiquité chinoise, depuis Yao, et Shun (IIIe millénaire av. J.-C.?) jusqu’à la fin des Zhou occidentaux (règne du Duc Mu de Qin, ~-627). Ces documents auraient été rédigés par les équipes de greffiers et secrétaires que les rois entretenaient.
Connu du temps de Confucius qui le cite et à qui la tradition a longtemps attribué sa compilation, il a échappé de peu à la destruction totale sous les Qin et pendant la période de division qui suivit la chute de l’empire Han. La version actuelle est incomplète, et la datation de certains chapitres fut mise en doute dès les Song d’après des critères stylistiques. Sous les Qing, après une vingtaine d’années de recherches, Yan Ruoqu 閻若璩 en arriva à la conclusion qu’une moitié des chapitres avait subi de fortes altérations au IVe siècle.
Les textes qui évoquent les périodes les plus anciennes sont rédigés dans la langue de la Période des Royaumes combattants (Ve siècle à 221 av. notre ère). Ces textes proviennent pour la plupart de la cour royale de Zhou[1].
Malgré le doute concernant la période exacte de rédaction de tel ou tel passage, les historiens s’accordent à y voir le plus ancien ensemble de prose chinoise. C’est aussi, en dépit du problème de datation déjà évoqué et du peu de clarté de certains textes, une source précieuse pour l’histoire et la culture politique de la Chine ancienne, bien qu’à cet égard les chercheurs chinois semblent plus réservés que leurs homologues étrangers. Il a été inclus dès les Han parmi les Cinq classiques dont la connaissance était indispensable pour poursuivre une carrière de fonctionnaire. Certains de ses textes sont toujours au programme des lycées chinois et taïwanais.