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La colonisation, appelée aussi expansion coloniale ou expansion territoriale[1], est l'occupation d'un espace, une terre étrangère (couramment après une phase de conquête territoriale), sa mise en culture pour en exploiter les richesses naturelles et humaines, et l'installation de colons[2]. La colonisation a revêtu des formes très différentes selon le colonisateur et le colonisé.
La colonisation se caractérise ainsi par des flux migratoires se déroulant sous la forme d'une migration et d'un peuplement plus ou moins rapide d'un territoire. Lorsqu'elle est menée par un État, la colonisation peut avoir pour but l'exploitation d'avantages réels ou supposés (matière première, main-d'œuvre, position stratégique, espace vital, etc.) d'un territoire au profit de sa métropole, notamment à travers la taxation des colons ou l'implantation de sociétés exploitant les ressources naturelles ou humaines déjà présentes. Dans ses formes les plus extrêmes, la colonisation peut être précédée d'une invasion brutale et s'accompagner d'une marginalisation, d'une réduction, de massacres ou d'un génocide des populations autochtones.
En pratique, les processus de colonisation ont pu être de caractère économique, politique, militaire ou culturel, ou se manifester d'autres manières, que ce soit pacifiquement ou par la violence. Des situations coloniales dans des époques différentes et des lieux distincts ont quelquefois des points communs remarquables ; ainsi « on a parfois comparé – non sans raison – le système colonial britannique à celui de Carthage et le système colonial français à celui de Rome »[3].
Le processus de colonisation se différencie :
d’une simple occupation militaire d’un territoire, car elle revendique plus ou moins ouvertement des intérêts ou des projets de nature économique, politique, idéologique ou religieuse ;
d'une annexion pure et simple car, si la colonisation se caractérise par l'envoi massif (colonie de peuplement) ou non (comptoir, protectorat…) de colons issus du pays colonisateur afin de gérer la colonie, il en résulte l'instauration d'une différenciation entre le citoyen et le colonisé (différence de traitement, de droits ou de statut juridique octroyé au colonisé, en défaveur de ce dernier) ;
de l'immigration ordinaire, laquelle ne découle pas systématiquement d'un processus politique, qu'elle s'accompagne ou non de zones où l'autochtone n'est plus admis ;
de la logique de domination (du latin « dominus »)[4], qui relève de l'impérialisme, c'est-à-dire la volonté politique d'exercer — au nom de ses intérêts propres — une domination politique sur un territoire étranger et d'en assujettir ses habitants.
Les arguments avancés par les colonisateurs pour motiver la colonisation sont souvent le « développement de la civilisation » ou la « mission civilisatrice ». Ceci conduit à la création d'infrastructures, qui restent en place après la fin de la colonisation, l'exploitation d'un espace géographique, la mise sous tutelle et suivant le cas la domination économique, politique, culturelle, voire religieuse.
L'époque romaine a conduit à l'établissement de colonies en Europe, dont certaines sont devenues de grandes villes comme Cologne ou Marseille. Par la suite de nombreux territoires ont été colonisés sur de nombreux continents jusqu'à ce que des processus d'indépendance, de décolonisation ou d'assimilation y mette fin. Il faut distinguer les colonies des protectorats, par exemple attribués par la SDN le temps de conduire une colonie d'un pays vaincu (Cameroun, colonie allemande, Syrie et Liban, colonies ottomanes) à l'autonomie.
La colonisation pose la question des relations entre les colonisateurs et les colonisés, et l'évolution des valeurs morales qui conduit aujourd'hui à avoir un regard critique sur ces faits passés, notamment dans des œuvres culturelles:
la Controverse de Valladolid (1550-1551) donne un aperçu de la bonne conscience des colonisateurs espagnols persuadés de l'infériorité de la culture des peuplades américaines. Le dominicain Bartolomé de Las Casas aura fort à faire pour convaincre ceux qui justifient l'emploi de la force « qu'il ne saurait y avoir d'esclaves par nature, ni de gens sans liberté et pouvoirs, ni de peuples sans souveraineté »[5]. Sa vision aura pourtant gain de cause.
Le colonialisme en tant que doctrine ou idéologie défend le processus de colonisation, en s'efforçant de légitimer des éléments qui ne vont pas de soi : occupation de territoires voire d'un État, domination politique, exploitation économique des colons par leur État d'origine[7] ou des intérêts étrangers. Il crée les conditions favorables à des politiques expansionnistes d'occupation, avec l’établissement d’une ou plusieurs colonies et la mise sous influence étrangère d'autres territoires qui seront contraints d'accepter des liens de dépendance[8].
Depuis le XIXe siècle, le terme de « colonisation » est utilisé en biogéographie pour décrire la propagation de tout être vivant dans de nouveaux habitats, y compris les animaux, les plantes, et les micro-organismes.
↑Selon l'historien Marc Ferro, les termes de colonisation et d'expansion territoriale sont quasi synonymes alors qu'en Occident on les distingue soigneusement, l'expansion territoriale étant considérée comme l'extension de la souveraineté d'un État sur des espaces en plein continuité territoriale alors que la colonisation implique des territoires séparés de cet État par la mer. Cf Marc Ferro, Histoire des colonisations. Des conquêtes aux indépendances : XIIIe – XXe siècle, Seuil, , p. 15
↑Marc Ferro, Histoire des colonisations. Des conquêtes aux indépendances : XIIIe – XXe siècle, Seuil, , p. 15
↑Philippe Decraene, Le panafricanisme (Que sais-je ? N° 847), Paris, Presses universitaires de France, , p. 120
↑Chantal Maignan-Claverie, Le métissage dans la littérature des Antilles françaises — Le complexe d'Ariel : XVIIe – XXIe siècle : 1635-2005, Paris, éditions Karthala, (lire en ligne) (BNF40072094) ; Bartolomé de las Casas, Juan Antonio Llorente, Henri Grégoire, Gregorio Funes et José Servando Teresa de Mier Noriega y Guerra, Œuvres de don Barthélemi de las Casas, évêque de Chiapa ; Défenseur de la liberté des naturels de l'Amérique ; précédées de sa vie, et accompagnées de notes historiques, additions, développements, etc. ; avec portrait : XVe – XIXe siècle : 1474-1822, Paris, Alexis Eymery, libraire-éditeur, (lire en ligne) (BNF30745262).
↑Le Memento Laousse de 1895 résume les conditions de la colonisation en Algérie : libre attribution de terres sans propriétaire sous condition de les mettre en valeur, pécule fixe accordé par l'État, mais impôt proportionnel à la surface cultivée à partir de la deuxième année