Finitude

La finitude qualifie, dans le langage courant, ce qui est fini, le caractère de toute chose qui possède une limite au moins sous un certain rapport ; pour l'être humain, dont l'existence est limitée par la mort, la finitude s'entend principalement, mais pas seulement, par rapport au temps : c'est donc un trait, voire une définition, de sa condition essentiellement mortelle[N 1]. Mais la finitude concerne également les limitations de nos facultés, et, en particulier, de notre faculté de connaître (par les sens et par l'entendement). Le courant humaniste, notamment son plus illustre représentant Kant, qui met au premier plan de ses préoccupations le développement des qualités essentielles de l'être humain et sa capacité d'auto-détermination va avoir à résoudre l'aporie que lui impose la prise en compte de la finitude concrète des capacités humaines[N 2]. Considérée sous le rapport de la fragilité de notre condition, éphémère et changeante, à notre opacité, la finitude s'oppose à l'immuable ainsi qu'à la transparence . Si l'on s'en réfère à Franz-Emmanuel Schürch[1]. « il apparaît assez clairement que la caractérisation de la position humaine dans l’être en termes de finitude est celle qui a connu le plus de succès auprès des lecteurs heideggériens et aussi celle avec laquelle on a été le plus prompt à faire équivaloir l’essentiel de sa contribution philosophique ».

Il existe plusieurs notions opposées à celle de finitude, selon le point de vue considéré. Temporellement, par exemple, la finitude est le négatif de l'éternité, de ce qui existe positivement hors du temps (un être tel que Dieu par exemple). De même quant à notre capacité à comprendre ou à créer elle s'oppose à la puissance et à la connaissance infinie de Dieu. Dans la phénoménologie contemporaine notre finitude va devenir, dans un renversement total de perspective, une détermination positive de notre existence, ce qui en trace le contour, en nous distinguant par exemple de ce qui est indéfini ou indéterminé.

Par rapport aux autres choses et êtres finis, la conscience que nous avons de notre finitude et de notre condition précaire en est un aspect essentiel, tant par la perception de notre inéluctable dégradation physique que par la valeur que nous donnons à notre existence et à notre être, valeur que résume une notion comme celle de dignité de la personne humaine : « L'homme est grand en ce qu'il se connaît misérable », écrivait ainsi Blaise Pascal.


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  1. Franz-Emmanuel Schürch 2010, p. 6-lire en ligne