Une fugue est une technique d'écriture musicale, née au XVIIe siècle, du nom de « fuga » (du latin : fugere, « fuir ») une composition entièrement fondée sur ce procédé : « fuir », parce que l'auditeur a l'impression que le thème ou sujet de la fugue fuit d'une voix à l'autre. C’est une forme de composition parmi les plus exigeantes, exploitant les ressources du contrepoint et le principe de l'imitation.
La fugue est caractérisée en son début, le plus souvent, par l'entrée successive des voix requises, par l'alternance régulière du sujet et de sa réponse, dans une section appelée exposition. Le sujet (parfois déjà organisme complexe et constitué d'une tête, d'un corps et d'une terminaison) est la base intime de la construction qu'il engendre. Selon sa nature (diatonique, chromatique, conjoint, disjoint, bref ou long), le résultat peut être très différent (simple, virtuose, dramatique, solennel…) ; propice ou non à des effets (strettes, renversements, diminutions, augmentations, à reculons). Il peut apparaître également un second élément thématique appelé contre-sujet et bien plus rarement encore, plusieurs sujets ou contre-sujets (double ou triple fugue). Une fugue peut avoir de deux à une multitude de voix, mais en général trois ou quatre. Six voix paraissant être la limite de l'écriture au clavier, comme dans L'Offrande musicale. Le nombre de voix est constant jusqu'à la fin, mais certaines voix peuvent être muettes pendant plusieurs mesures. Au long de la fugue alternent des sections en contrepoint strict (exposition, réexposition), avec des sections en contrepoints libres, appelés divertissements ou épisodes. Le nom des fugues expose la tonalité et le nombre de voix : « Fugue en la mineur, à quatre voix ».
Une fughetta (terme apparu dans la première moitié du XVIIIe siècle), est une fugue de petite dimension, courte ou simple. Chez les compositeurs français elle est nommée fuguette et fughette chez les allemands. Voir par exemple, la 24e variation des Variations Diabelli de Beethoven.
Distinct, le fugato est une section d'écriture fuguée qui utilise plus ou moins rigoureusement le procédé d'écriture de la fugue. Il se rencontre dans d'autres formes à l'écriture harmonique, notamment dans le développement de la forme sonate (sonate, symphonies, etc.). Le terme équivalent est « style fugué ». Le second mouvement de la Sonate op. 33 d'Alkan, est un fugato comportant exceptionnellement six voix[1].
La pratique de la fugue nécessite une maîtrise solide des techniques d'écriture musicale et en particulier du contrepoint. Musiciens et musicologues considèrent généralement que les nombreuses fugues écrites par Jean-Sébastien Bach en sont le modèle insurpassable. Néanmoins, de nombreux compositeurs, y compris les grands romantiques, ont pratiqué avec succès la fugue.