Hiatus (linguistique)

En linguistique, un hiatus[1] (du latin « ouverture de la bouche = parole prononcée, parole ») est une succession de deux voyelles appartenant à des syllabes différentes, soit à l'intérieur d'un mot (comme dans « aorte »), soit à la frontière de deux mots (« il va à… »).

L'hiatus est réputé cacophonique dans certaines langues, à commencer par les langues grecques et celles qui en ont hérité leurs vues grammaticales et linguistiques (les langues d'Europe occidentale, principalement), ce qui explique qu'en poésie on cherche fréquemment à l'éviter. Ainsi, à la lecture du vers français, on élide ou prononce des e caducs, afin de ne pas « heurter » l'oreille ; c'est de là que l'étymologie du mot puise son sens.

Sans aller si loin dans l'élimination automatique des hiatus, il est notable que de nombreuses langues d'Europe ont trouvé divers moyens grammaticalisés de s'en débarrasser :

  • insertion d'un phonème éphelcystique : en français : « va-y » → « vas-y » ; en anglais, un r de liaison (en) peut se faire entendre : « law and order » sera prononcé « law-r and order ». Son emploi est considéré fautif ;
  • réapparition d'un phonème de liaison : « les[z] enfants » ;
  • aphérèse : en grec ancien ὦ ἄναξ / ỗ ánaks (« ô roi ! ») → ὦ ῎ναξ / ỗ ’naks ;
  • coalescence : en sanskrit गण / gaṇa (« troupe ») + इश / iśa (« seigneur ») = गणेश / Gaṇeśa (« Ganesh ») (mot composé) ;
  • élision : la âmel'âme ; si ils'il ;
  • utilisation d'une forme d'un mot autre que celle que l'on attend : ma âmemon âme (alors que mon est normalement réservé aux masculins), castillan la alma, « l'âme » → el alma (même procédé), etc.

Toutes ces modifications appartiennent aux règles de sandhi de chaque langue et visent à favoriser l'euphonie.

  1. Dans le mot hiatus, le h initial est, selon la prononciation classique, muet (« l’hiatus ») ; de nos jours, il est parfois aspiré (« le hiatus »). (Voir Trésor de la langue française informatisé, « Hiatus ».)