Histoire des femmes

Différentes activités des femmes au Moyen Âge, en Europe.

L’histoire des femmes est une branche de l'histoire consacrée à l'étude des femmes en tant que groupe social, apparue dans les années 1970 et étroitement liée aux luttes féministes[1]. En effet, de nombreux auteurs constatent l'absence d'« historicité » des études sur les femmes[2],[3], et analysent cette lacune comme un processus volontaire de déshistoricisation, comme si la condition féminine ne dépendait que d'invariants réels et historiques[4]. L'histoire des femmes devrait donc s'appuyer sur ce que le sociologue et philosophe français Pierre Bourdieu (1930-2002) appelle une « reconstitution de l'histoire du travail historique de déshistoricisation ».

L'historiographie de l’histoire des femmes est, quant à elle, l’étude de la place de la femme dans l'histoire en tant que discipline — l'historiographie étant l'étude de la manière d'écrire l'histoire. Les femmes y sont étudiées dans leur rapport aux hommes, à la famille, à la société, etc., ainsi que l’évolution de ces rapports.

Dans la perspective féministe, jusqu'au milieu du XXe siècle, les sociétés occidentales accordent un traitement favorisant les hommes et assujettissant[5] les femmes, tant au point de vue du droit que des usages et coutumes. En effet, les traditions accordent une importance particulière au rôle social de femme au foyer, qui doit se consacrer aux tâches ménagères, à la reproduction et à l'éducation des enfants, même si ce rôle de femme au foyer n'exclut pas l'exercice d'une profession, notamment depuis la révolution industrielle au XIXe siècle. La dévalorisation implicite de ce rôle de « femme traditionnelle » est récente, liée au poids grandissant pris par la sphère économique dans le monde[6].

L'idée de l'égalité des sexes ne s'impose ainsi que récemment, mais les femmes ont su bien avant tenter de s'affranchir des contraintes et différences qui leur sont imposées. On ne saurait cependant parler d'une évolution continue de la condition féminine vers l'émancipation, car son histoire est ponctuée par d'importants retours en arrière, y compris lors des périodes révolutionnaires. Ainsi, la Réforme protestante (création du Protestantisme, qui débute au XVIe siècle, en Europe, et est aussi suivi d'une Réforme catholique), dans le domaine religieux, mais aussi la Révolution française (à partir de 1789) et les socialismes, malgré leurs prétentions émancipatrices, tenteront souvent de les renvoyer au foyer. C'est ce décalage qui explique selon la sociologue française Andrée Michel (1920-2022) la naissance du féminisme[citation nécessaire].

  1. "Partant, [le féminin] a constitué, en premier lieu, un domaine d'étude où les femmes ont enquêté sur les racines historiques et les dynamiques sociales de leur oppression", BONESIO, Luisa, La femme et la féminité comme objet de recherche, Encyclopaedia Universalis, Paris, 1990
  2. Monique David-Ménard indique dans l'article Femme de l'Encyclopaedia Universalis, que les études sur les femmes semblent "remarquablement anhistoriques".
  3. Dans Une chambre à soi, Virginia Woolf remarque quant à elle que de nombreux hommes écrivent des traités sur les femmes (ou sur « la » femme), sans pour autant posséder une autre autorité (scientifique, historique) que celle d'être des hommes.
  4. Bourdieu 1998, p. 114-116.
  5. BONESIO, Luisa, Op. cit.
  6. Jeanne-Marie Wailly, « Les différentes phases du travail des femmes dans l'industrie », Innovations, vol. 20, no 2,‎ , p. 131 (ISSN 1267-4982 et 1965-0256, DOI 10.3917/inno.020.0131, lire en ligne, consulté le )