Homme sauvage

Martin Schongauer, Homme sauvage tenant un écu à la tête de cerf, v. 1485-1491, gravure, Paris, Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la ville de Paris.

L'homme sauvage est une figure légendaire/folklorique couverte de poils et souvent armée d'un gourdin, notamment popularisé en Europe dans l'art et la littérature de l'Europe médiévale aux alentours du XIIe siècle. Cet être anthropomorphe représente le lien entre l'humanité et l'animalité, entre le sauvage et le civilisé. Selon Jacques Le Goff,

« ce qui est sauvage n’est pas ce qui est hors de portée de l’homme, mais ce qui est sur les marges de l’activité humaine. La forêt (silva) est sauvage (silvatica) car elle est le lieu des animaux que l’on chasse mais aussi des charbonniers et des porchers. Entre ces rôles asymétriques que sont la sauvagerie et la culture, le chasseur sauvage et fou est un médiateur ambigu[1] ».

L'homme sauvage, ce "chasseur sauvage et fou", vit donc dans la proximité de l'homme, dans l'espace liminal que représente la forêt. C'est une figure ambiguë qui, bien qu'ayant une forme iconographique définie, possède des significations multiples. Elle a à ses débuts une aura menaçante, de par les aspects négatifs associés à la pilosité, vue comme une dégradation de la nature humaine lorsqu'elle est trop abondante. Mais cette perception évolue à la fin du XIVe siècle et plus encore au XVe siècle. Connaissant son apogée au Moyen Âge, l'image de l'homme sauvage a cependant subsisté jusqu'au XVIe siècle, principalement en Allemagne. Les graveurs allemands de la fin du Moyen Âge, comme Martin Schongauer et Albrecht Dürer, étaient particulièrement friands des hommes sauvages, femmes sauvages et familles sauvages.

  1. Jacques Le Goff, L'imaginaire médiéval, p. 72