Iconodulie

Saint Luc écrit une icône de la Vierge Marie. Selon la Tradition chrétienne, Saint Luc en aurait écrit trois, ce qui ferait de lui le premier iconographe chrétien[1].

L'iconodulie (du grec εικών / eikôn, image et δουλεία / douleia, service) est un courant de pensée en faveur des images religieuses, ou icônes, et de leur vénération, en opposition à l'iconoclasme.

Le terme est actuellement utilisé en relation à l’iconomachie byzantine (726-843)[2]. Les iconodules les plus renommés sont Germain Ier de Constantinople, saint Jean Damascène, Théodore Studite et Nicéphore Ier de Constantinople[3]. La controverse est lancée par l'empereur byzantin Léon III l'Isaurien en 726[4]. Jean Damascène affirma que l'interdiction des icônes équivaut à nier l'Incarnation, soit la présence de Dieu dans le monde terrestre[5]. Si dans l'Ancien Testament les images de Dieu sont interdites, cette interdiction est levée puisque, par la venue de son Fils, Dieu s'est laissé voir[6]. Le deuxième concile de Nicée (787) affirme que « l'honneur rendu à l'image remonte au prototype »[7], autrement dit à la personne représentée, et non à l'image en soi. L'iconodulie triompha définitivement en 843[8].

L'iconophilie (du grec εικών / eikôn, image et φιλία / philia, amour) désigne ce courant de pensée pour d'autres périodes historiques.

Une même religion peut passer de l'aniconisme à l'iconisme (qui peuvent être l'un et l'autre globaux ou sélectifs), puis à l'iconophilie, en traversant des crises d'iconophobie (en) (fait d'être opposé, en théorie, aux images), l'attitude des iconophobes n'impliquant pas nécessairement, en pratique, une iconomachie (lutte contre les images) ou une iconoclastie (destruction des images)[9].

  1. Léonide Ouspensky, La Théologie de l'icône dans l'Église orthodoxe. Paris, Cerf, 1980, p. 35–40.
  2. Le terme iconoclasme (destruction des images) est traditionnellement employé par les auteurs modernes pour désigner cette controverse. Néanmoins, les Byzantins employaient davantage l’expression iconomachie (conflit des images). Voir (en) Leslie Brubaker et John Haldon, Byzantium in the Iconoclast Era, c. 680-850 – A History. Cambridge University Press, 2011, p. 7.
  3. Jean Meyendorff, Initiation à la théologie byzantine. Paris, Cerf, 1975, p. 62–70.
  4. (en) Andrew Louth, Greek East and Latin West, The Church AD 681 – 1071. Crestwood, St Vladimir’s Seminary Press, 2007, p. 48-49.
  5. Jean Damascène, Troisième discours apologétique de notre père saint Jean Damascène contre ceux qui rejettent les images saintes, chap. XII, tiré de Jean Damascène, Le Visage de l’invisible, trad. Anne-Lise Darras-Worms. Paris, Migne, 1994, p. 74.
  6. Germain de Constantinople, Lettre de Germain, bienheureux patriarche de Constantinople, à Jean, évêque de Synada, tiré de Stéphane Bigham, Les Images chrétiennes de Constantin le Grand à la période posticonoclaste (313 – 900). Montréal, Médiaspaul, 2010, p. 148.
  7. Cette citation est de Basile le Grand, reconnu comme un Père de l’Église par tous les chrétiens. Voir Basile le Grand, Traité sur le Saint-Esprit, tiré de Stéphane Bigham, Op. cit., p. 19. Le Horos du concile de Nicée II peut être retrouvé dans Léonide Ouspensky, Op. cit., p. 116–118.
  8. Léonide Ouspensky, Op. cit., p. 107-109.
  9. François Bœspflug, Dieu et ses images. Une histoire de l'éternel dans l'art, Bayard, , p. 24.