Immigration en France

Carte de la France dans le monde en haut et de la métropole en Europe en bas.
Carte de la France dans le monde en haut et de la métropole en Europe en bas.

L’immigration en France concerne l'ensemble des flux migratoires ayant la France pour destination. Les Nations unies[N 1] définissent un immigrant comme une « personne née dans un autre pays que celui où elle réside ». Selon cette définition, 8,67 millions de personnes sont immigrées en France en 2021, soit 12,8 % de la population totale[1]. En revanche, l'INSEE décompte les immigrants selon une définition plus étroite : « personne née étrangère à l'étranger et résidant en France », ce qui représente 6,5 millions de personnes soit 9,7 % de la population totale en 2018[2],[3]. Ainsi, les personnes nées françaises à l'étranger ne sont pas comptabilisées comme immigrées, ce qui exclut par exemple les rapatriés des anciennes colonies. Le solde migratoire annuel en France est compris entre + 29 500 personnes en 2011 et + 72 300 personnes en 2012 sur la période 2009-2020[4].

En 2015, la France se classe au septième rang mondial pour le nombre d'immigrés avec 7,9 millions de personnes, derrière les Émirats Arabes Unis (8 millions) et devant le Canada (7,6 millions)[5]. En 2013, en proportion de la population totale, la France (11,9 %) se situait à un niveau comparable aux autres pays européens : derrière le Luxembourg (43,3 %), la Suisse (24,9 % en 2016[6]) la Suède (15,9 %), l'Irlande (15,9 %), l'Autriche (15,7 %), l'Espagne (13,8 %), le Royaume-Uni (12,4 %), l'Allemagne (11,9 %), mais devant l'Italie (9,4 %)[7].

Selon la définition des Nations unies, 6,6 millions des personnes immigrées en France étaient nées hors d'Europe en 2021, soit 9,8 % de la population[1]. D'après l'INSEE, les immigrés nés hors d'Europe représentent 4,3 millions de personnes, soit 6,4 % de la population[2].

Les descendants directs d'immigrés (personnes nées en France et ayant au moins un parent immigré) sont eux estimés à 7,5 millions, soit 11,2 % de la population dont la moitié sont issus d’un couple « mixte ». Au total, immigrés et descendants directs d'au moins un immigré sont au nombre de 14 millions, soit 20,9 % de la population en 2018. Parmi eux 5,3 millions (soit 7,9 % de la population ) sont d'origine européenne et 8,7 millions (13 % de la population) d'origine non européenne dont 4,3 millions (6,4 %) d'origine maghrébine, 2 million (3 %) d'origine subsaharienne et 0,5 million (0,7 %) d'origine turque[8],[9],[10].

L'Ined affirme, sur la base du recensement de 1999, que parmi la population vivant en France, environ 13,5 millions de personnes ont une origine étrangère totale ou partielle sur trois générations, soit 23 % de la population[11]. Gérard Noiriel estime en 2002 qu'environ un tiers des Français ont « une ascendance étrangère » si l'on remonte aux arrière-grands-parents[12]. En 2011, dans un article, Michèle Tribalat compte 8,7 % d'immigrés, 19,2 % de personnes d'origine étrangère sur deux générations et près de 30 % sur trois générations[13]. Pascal Blanchard, en 2015, trouve entre 12 et 14 millions de Français, soit entre 18 et 22 % de la population totale, qui ont au moins un de leurs grands-parents né dans un territoire non européen[14]. Pascal Blanchard estime que, sur quatre générations, « un quart des Français ont une origine extra-européenne » et « un autre quart ont un grand-parent au moins issu des immigrations intra-européennes »[15]. Cris Beauchemin, chercheur à l'Ined, déclare en 2018 que deux personnes sur cinq (soit 40 % de la population vivant en France) sont issues de l’immigration sur trois générations[16].

La France compte proportionnellement davantage de personnes « issues de l'immigration », c'est-à-dire elles-mêmes immigrées ou dont un parent au moins est immigré, parmi les personnes âgées de 25 à 54 ans que dans les autres classes d'âges, avec 13,1 % d'immigrés et 13,5 % d'enfants d’immigrés, soit un total de 26,6 %. De ce point de vue, elle devance notamment le Royaume-Uni (24,4 %), les Pays-Bas (23,5 %), la Belgique (22,8 %), l'Allemagne (21,9 %) et l'Espagne (20,2 %), mais se trouve en retrait par rapport au Luxembourg (61,9 %), à la Suisse (46,4 %) et à la Lettonie (29,2 %)[17]. Cependant cette notion est contestée par des chercheurs, comme Gérard Noiriel qui écrit en 1988 que « les jeunes “d’origine immigrée” n’existent pas »[18].

En France, 40 % des personnes nées entre 2006 et 2008 ont au moins un parent ou grand-parent immigré, dont 10 % ont deux parents immigrés, dont 27 % d'origine extra-européenne (16 % du Maghreb)[19]. En 2011, 30,2 % des jeunes de moins de 18 ans en métropole ont un ascendant immigré sur trois générations, dont 19,3 % d’immigration extra-européenne[20],[21]. En 2018, 32,01 % des nouveau-nés en métropole ont au moins un parent né à l'étranger, dont 28,15 % au moins un parent né hors de l'Union européenne[22].


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  1. a et b (en) « Foreign-born population by country of birth, 1 January 2021 », sur Eurostat,
  2. a et b Répartition des immigrés par groupe de pays de naissance en 2018, INSEE, 25 juin 2019
  3. « Étrangers - Immigrés en 2015 », sur insee.fr
  4. « Composantes de la croissance démographique en 2019 », sur insee.fr, Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) (consulté le )
  5. Gilles Pison, « Le nombre et la part des immigrés dans la population : comparaisons internationales », Population & Sociétés, vol. N° 563, no 2,‎ , p. 1 (ISSN 0184-7783, DOI 10.3917/popsoc.563.0001, lire en ligne, consulté le )
  6. Population - Les principaux chiffres - 2016, Office fédéral de la statistique.
  7. « United Nations Population Division | Department of Economic and Social Affairs | Trends in International Migrant Stock: The 2013 Revision », sur Organisation des Nations unies (consulté le )
  8. « Origine géographique des descendants d'immigrés | Insee », sur www.insee.fr (consulté le )
  9. « Être né en France d’un parent immigré - Insee Première - 1634 », sur www.insee.fr (consulté le )
  10. Insee 2012b, p. 96, 101, 105.
  11. Tribalat 2004.
  12. Noiriel 2002, p. 11.
  13. Michèle Tribalat, tatistiques ethniques : le décryptage de Michèle Tribalat, Le figaro,
  14. « L'État a produit un apartheid inconscient », Le Télégramme, 14 mars 2015
  15. Pascal Blanchard, Quelle place donner à l’immigration dans l’histoire de la République ?, L'Humanité, 24 septembre 2014
  16. Quelle est la part de l’immigration dans la démographie française ?, La Croix, 21 février 2018
  17. Albertinelli et al. 2011, p. 122.
  18. Noiriel, (Gérard) [1988], « Les jeunes “d’origine immigrée” n’existent pas », in B. Lorreyte, Les Politiques d’intégration des jeunes issus de l’immigration, Paris, CIEMI-L’Harmattan.
  19. Breuil-Genier, Borrel et Lhommeau 2011.
  20. Michèle Tribalat, « Une estimation des populations d’origine étrangère en France en 2011 », Espace populations sociétés [En ligne], 2015/1-2 | 2015, mis en ligne le 01 juillet 2015, consulté le 03 septembre 2018. URL : http://journals.openedition.org/eps/6073 ; DOI : 10.4000/eps.6073
  21. Insee, « Enfants de moins de 18 ans vivant dans une famille immigrée (recensement 2010) », sur Insee.fr, (consulté le ). Le chiffre de 14,1 millions de jeunes de moins de 18 ans en France métropolitaine en 2010 est obtenu en combinant Anne Pla et Catherine Beaumel, « Bilan démographique 2010 », sur Insee.fr, (consulté le ) : « Au 1er janvier 2011 […] 63,1 millions de personnes vivent en métropole », et Carine Burricand, Cédric Houdré et Eric Seguin, « Les niveaux de vie en 2010 », sur Insee.fr, (consulté le ) : « Tableau « Niveau de vie et pauvreté selon le statut d’activité » : Enfants de moins de 18 ans = 22,4 % de la population totale. »
  22. Insee, « T37QUATER – Nés vivants selon le pays de naissance des parents (Union européenne à 28 ou non) - Séries depuis 1998 pour la France métropolitaine et la France entière », sur Insee.fr, (consulté le ).