Incantation

Odin guérit le cheval de Baldr (illustration de Walhall, die Götterwelt der Germanen d'Emil Doepler, 1905).

Dans le vocabulaire de la magie et du chamanisme, l'incantation est la composante orale d'un acte surnaturel : le magicien ou le chamane prononce des paroles magiques qui vont l'aider à transgresser les lois de la réalité.

Souvent, l'incantation est un chant (une mélopée) ; d'où son étymologie, l'incantation est une "invitation" - préfixe in, idée d'entrée, de venue - "par le chant" - racine verbale cantare. Elle peut être laudative, car elle s'adresse à une puissance supérieure, et/ou impérative, si l'incantateur croit commander aux forces occultes plutôt que d'implorer leur bienveillance. Elle fait beaucoup appel à des langues mortes : latin, ou grec antique, censées être plus proches du savoir originel, mais peut aussi se faire en langue vulgaire. Elle est souvent répétitive, la répétition étant censée renforcer son pouvoir occulte. Par métonymie, on résume parfois l'invocation à la seule incantation, mais c'est un abus de langage.

Dans le domaine du chamanisme, les incantations ont notamment été étudiées en anthropologie pour leur efficacité symbolique et pour leurs références à la mythologie (Lévi-Strauss, 1949 ; Fontaine, 2014, 2024). Certaines incantations sont uniquement prononcées la nuit pour renforcer leurs effets. Différents types de vers incantatoires peuvent être distingués : les invocations (nommant ou interpellant les entités nécessaires à la finalité globale de l'incantation) ; et les vers magiques, employant les propriétés ou les effets possibles des entités dans un certain but (positif ou négatif), le plus souvent au moyens de verbes performatifs.