La Nuit (Wiesel)

« Jamais je n'oublierai cette nuit, la première nuit de camp, qui a fait de ma vie une nuit longue et sept fois verrouillée. Jamais je n'oublierai cette fumée. Jamais je n'oublierai les petits visages des enfants dont j'avais vu les corps se transformer en volutes sous un azur muet [...] Jamais je n'oublierai cela, même si j'étais condamné à vivre aussi longtemps que Dieu lui-même. Jamais[1]. »

La Nuit
Auteur Elie Wiesel
Pays Roumanie
Genre Autobiographie, Shoah
Version originale
Langue Yiddish
Titre און די װעלט...
האט געשװיגן
(...Un di Velt Hot Geshvign)
Date de parution 1955
Version française
Éditeur Les Éditions de Minuit
Collection Documents/Double
Date de parution 1958/2006
Type de média Imprimé (broché)
Nombre de pages 200
ISBN 978-2-7073-1992-0
Chronologie

La Nuit est un récit d'Elie Wiesel fondé sur son expérience lorsque, jeune juif orthodoxe, il fut déporté avec sa famille dans le camp d'extermination nazi d'Auschwitz, puis dans le camp de concentration Buchenwald[2], dont il fut libéré le , à l'âge de 16 ans.

Issu d'un milieu fortement religieux, sa confiance en Dieu et en l'humanité fut fortement ébranlée par l'expérience concentrationnaire, qu'il décida de ne pas évoquer pendant dix ans. Il la transcrivit au terme de cette période sous forme d'un manuscrit en yiddish, qui fut publié en 1955 sous le titre d’...Un di Velt Hot Geshvign (...Et le monde se taisait), puis traduit (ou, selon certains, adapté pour un public plus large[3]) en français. Cinquante ans plus tard, le volume de 178 pages[4], décrit comme « dévastateur dans sa simplicité[5] », est considéré comme un pilier de la littérature de la Shoah, aux côtés de Si c'est un homme de Primo Levi et du Journal d'Anne Frank.

La Nuit est le premier volume d'une trilogieLa Nuit, L'Aube, et Le Jour – reflétant l'état d'esprit de l'auteur pendant et après la Shoah. Les titres marquent sa transition de l'obscurité à la lumière[6], selon la tradition juive de compter le début d'un nouveau jour à partir du crépuscule, en suivant Gen 1:5 : « Il y eut un soir et il y eut un matin : jour un. » « Dans La Nuit, dit Elie Wiesel, je souhaitais montrer la fin, la finalité de l'événement. Tout tendait vers une fin – l'homme, l'histoire, la littérature, la religion, Dieu. Il ne restait rien. Pourtant, nous recommençons avec la nuit[7]. »

  1. Elie Wiesel, La Nuit, p.78-79, Les Éditions de Minuit, éd. 2007 (ISBN 978-2-7073-1992-0)
  2. « Winfrey selects Wiesel’s ‘Night’ for book club », Associated Press, . Bien que La Nuit soit couramment considéré comme un roman, Elie Wiesel a clairement affirmé l'inverse ; cf. Tous les fleuves vont à la mer, pp. 377-378.
  3. Naomi Seidman, « Elie Wiesel and the Scandal of Jewish Rage », Jewish Social Studies, décembre 1996.
  4. 200 avec l'avant-propos de François Mauriac et la préface de l'auteur dans la nouvelle édition de 2006.
  5. Ruth Franklin, « A Thousand Darknesses », The New Republic, 23 mars 2006 - accédé le 4 septembre 2007, nécessite une souscription.
  6. « Jewish holidays », Judaism 101.
  7. Elie Wiesel, cité par Morton Reichek, « Elie Wiesel: Out of the Night », Present Tense, 3 (1976), p. 46.