La Provinciale, qui existe aussi en français sous le titre L'Épouse campagnarde (titre original : The Country Wife), est une pièce de théâtre écrite en 1675 par le dramaturge anglais William Wycherley. Cette comédie, qui s'inscrit dans le courant de la littérature de la Restauration anglaise, reflète la liberté que permit le nouveau régime en matière d'art théâtral, en véhiculant une idéologie à la fois aristocratique et anti-puritaine qui lui valut d'être très controversée en raison de son obscénité. La pièce s'inspire de diverses œuvres de Molière, en intégrant des adaptations conformes aux exigences du public anglais de l'époque : dialogues en langage familier en prose en lieu et place des vers de Molière, intrigue rythmée et complexe, abondance de plaisanteries graveleuses. L'intrigue s'articule autour de deux axes principaux, dans le registre de l'irrévérencieux : l'histoire d'un débauché qui feint d'être impuissant pour avoir, en toute impunité, des aventures avec des femmes mariées, et l'arrivée à Londres d'une jeune « provinciale » ingénue, avec sa découverte des plaisirs de la vie citadine, et tout particulièrement des séduisants Londoniens.
Son intrigue scandaleuse et son langage cru ont, pendant très longtemps, valu à cette pièce de n'être ni jouée, ni publiée. Entre 1753 et 1924, La Provinciale fut considérée comme trop scandaleuse et elle fut remplacée sur scène par la version épurée de David Garrick, intitulée The Country Girl, qui constitue de nos jours une curiosité tombée dans l'oubli[1]. La pièce originale de Wycherley, qui est aujourd'hui redevenue un classique de la scène, a aussi retrouvé les faveurs des critiques universitaires qui apprécient tout particulièrement sa verve, son aspect satirique féroce et les multitudes de possibilités qu'elle offre en termes d'interprétations.