Le Pirate noir

Le Pirate noir
Affiche en couleurs.
Affiche française du film (1926).
Titre original The Black Pirate
Réalisation Albert Parker
Scénario Douglas Fairbanks
Jack Cunningham
Acteurs principaux
Sociétés de production Elton Corporation
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Film de pirates
Durée 88 min (1 h 28)
Sortie 1926

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Le Pirate noir (The Black Pirate) est un film d'aventures américain muet et en couleurs d'Albert Parker, sorti en 1926, avec pour interprètes principaux Douglas Fairbanks, Billie Dove, Donald Crisp, Sam De Grasse et Anders Randolf.

Dès la présentation en 1922 des premiers films en couleurs naturelles réalisés selon des procédés permettant d'utiliser les projecteurs disponibles dans toutes les salles, Douglas Fairbanks forme le projet d'un film de pirates en couleurs. Mais ce n'est qu'en 1925 qu'il sera le premier producteur à prendre le risque d'un long métrage entièrement tourné avec ce procédé, la société Technicolor ayant suffisamment développé ses capacités de tournage et de tirage. Il affronte non seulement un risque financier, lié au surcoût du procédé et à la fragilité de la pellicule, mais aussi une prévention à l'égard de la couleur, réputée distraire le spectateur de la narration et fatiguer sa rétine.

En raison de ces craintes, Fairbanks choisit d'utiliser non pas les tons saturés sur lesquels Technicolor fondait son argumentaire commercial, mais une palette plus restreinte, inspirée en partie des peintres flamands mais aussi des illustrateurs américains qui avaient popularisé le thème de la piraterie au début du XXe siècle.

Afin de maîtriser le rendu des couleurs, son équipe réalise de nombreux essais pendant plusieurs mois pour arriver à contrôler et coordonner les couleurs de tout ce qui apparait à l'écran, y compris l'océan, simulé en studio. Cette préoccupation conduit également à simplifier l'histoire, ce qui contribue à faire de ce film l'un des plus réussis de Fairbanks. Celui-ci, fidèle à sa réputation de légèreté acrobatique, y réalise certaines de ses cascades les plus célèbres.

Le film rencontre un grand succès international, y compris pour ses couleurs, mais son exploitation est grevée par la fragilité des pellicules, constituées de deux bandes contrecollées. Ce défaut pousse Technicolor à renoncer à ce procédé et à accélérer le passage à une pellicule unique plus résistante, procédé avec lequel seront réalisés certains des derniers tirages du film. Le Pirate noir est en même temps une réussite plastique et commerciale, dont l'ampleur et l'unicité témoignent du rôle moteur joué par Fairbanks dans le cinéma américain de l'époque, et un échec technique, qui constitue une étape décisive de l'évolution du cinéma en couleurs.

Dans ses films suivants, Fairbanks envisagera d'utiliser à nouveau le Technicolor mais y renoncera pour diverses raisons. En 1928, quand la société Technicolor estimera avoir surmonté les difficultés rencontrées avec Le Pirate noir, elle produira à titre de démonstration Les Vikings auquel le film de Fairbanks servira de modèle caché. Le lien qu'il avait imaginé entre les pirates et le Technicolor sera encore exploité par d'autres films à succès, dont Le Cygne noir et Le Corsaire rouge.