La lutte des classes est une expression qui désigne les tensions dans une société hiérarchisée et divisée en classes sociales, chacune luttant pour sa situation sociale et économique, et un modèle théorique qui explique les enjeux de cet affrontement. Ce concept est apparu au XIXe siècle chez les historiens libéraux français de la Restauration, François Guizot, l'initiateur, Augustin Thierry, Adolphe Thiers et François-Auguste Mignet, auxquels Karl Marx l'a emprunté[1].
Karl Marx et Friedrich Engels écrivent, en 1848, dans le Manifeste du parti communiste, que les prolétaires ne peuvent pas être assujettis à une patrie en particulier et que les divisions étatiques, nationales et/ou culturelles qui les opposent, sont de simples diversions en regard du conflit central : la lutte des classes qui oppose le travail au capital dans le cadre mondialisé du capitalisme[2]. Pour Marx et Engels qui ont assuré la diffusion internationale de cette notion, la lutte des classes est un moteur des transformations des sociétés et de l'histoire moderne[3]. La classe dominante de la société capitaliste est identifiée à la bourgeoisie (ou classe capitaliste) ; elle domine ce qu'ils appellent le prolétariat.
Cette théorie a été adoptée par de nombreux courants syndicalistes, socialistes, communistes, anarchistes, révolutionnaires ou réformistes, aux XIXe, XXe et XXIe siècles, et a fourni un cadre théorique[4] aux luttes pour l'amélioration des conditions de vie des travailleurs[5].
Cette analyse, qui a acquis une autonomie vis-à-vis du cadre marxiste, a été utilisée par de nombreux sociologues, philosophes, et théoriciens politiques[6]. Pour Marx, la révolution sociale ne pouvait être accomplie (c'est-à-dire déboucher sur une société communiste) qu'à l'échelle mondiale : « (…) aucune révolution communiste ne saurait réussir si ne se déclenche pas en même temps une révolution mondiale (…) »[7].