Moellon

Obturation d'une ancienne porte par appareillage de silex en damier de moellons à l'extérieur de l'église Saint-Maurice de Vironchaux. Contrairement à l'enduit, la pierre apparente donne une grande lisibilité à l'architecture et met en évidence toutes les modifications : obturation ou repercement de baie, repentir, reprise de rez-de-chaussée, surélévation de façade ou de pignon, etc.
Mur en moellon.
Théâtre gallo-romain de Gennes. Mur en opus mixtum (appareil mélangé). L'opus mixtum alterne dans un mur de lits de moellons de pierres (opus vittatum) et de lits de briques (opus testaceum).
Périgueux, côté ouest de l'hôtel d'Angoulême (XIIe siècle). Les soubassements en grand appareil sont des vestiges de la citadelle gallo-romaine de Vésone (IIIe siècle).
Tour de la première enceinte médiévale de la ville d'Hyères, XIIIe siècle.
Porte fortifiée de Rillé, deux énormes piles de chaque côté de la route et une arcade brisée entre les deux sous laquelle on devine le logement de la herse, construction de petits moellons.
Petit appareil de la muraille du castellum de Larçay. Fortification militaire gallo-romaine du IIIe siècle. Beaucoup d'édifices anciens ont été détruits non seulement par le temps, mais aussi par les populations qui utilisaient ces édifices comme carrières de pierres prêtes à l'emploi. Le petit appareil ne pouvant livrer que des moellons de piètre qualité après de gros efforts pour les libérer du mortier, a pu dissuader la récupération donc la destruction de l'édifice. Des morceaux de tuiles sont inclus dans le mortier.
Église Saint-Pierre-et-Saint-Romain de Savennières, Xe siècle, façade sud : mur en moellons de roches métamorphiques locales traversé par des bandes de briques disposées en arête-de-poisson, elles-mêmes encadrées par deux assises de briques.

Un moellon (appellations anciennes « maillon » ou « moilon ») est une pierre à bâtir, en général de calcaire, relativement tendre, taillée partiellement ou totalement, de dimensions et de masse qui le rendent maniable par une seule personne. Le moellon provient ordinairement des carrières d'où on tire la pierre de taille et on le prend dans les bancs qui ont peu d'épaisseur. Les moellons bruts étaient principalement employés à l'intérieur des maçonneries dans la maçonnerie de blocage. Correctement taillés, ils remplaçaient la pierre de taille et venaient en parement dans des constructions qui présentaient peu d'importance sous le rapport de l'architecture[1]. On dit que le moellon forme le petit appareil, alors que la pierre de taille, de plus grande dimension, forme le grand appareil. Là où dans le grand appareil, la pierre de taille est posée à joint-vif, la maçonnerie de moellon (sauf pour la pierre sèche) est liée par un mortier de terre, de chaux,ou de ciment.

Il peut y avoir malentendu car dans certaines régions de France, comme l'Ardèche par exemple, les parpaings sont appelés moellons.

Les moellons ne sont pas exactement dressés ni taillés sur leurs faces. Les moellons peuvent être irréguliers, bruts pris tels quels à la carrière ; réguliers, c'est-à-dire propres à former des assises continues; smillés ou piqués — soit dégrossis à la smille ou à la pointe —, de manière à offrir sinon des faces plus ou moins dressées, du moins des arêtes droites en parement ; épincés, c'est-à-dire offrant dans le parement une face dressée au marteau ou à la hachette[2]. Les moellons d'appareil sont des pierres dégrossies comme des pierres de taille dont les différentes arêtes sont dressées, mais dont les faces restent brutes ou ne sont que sommairement dressées ; ils servent aux mêmes usages que les pierres de taille : parements, voussoirs, encadrements de baies, pilastresetc. Quand on maçonne en moellons, le démaigrissement des queues doit être compensé à l'aide de petites pierres intercalées[2].

Les Romains nommaient les moellons cæmenta, dont le nom se retrouve dans opus caementicium, appareillage de moellons qui forme le massif de la plupart des maçonneries romaines. L'appareil de moellon en parement, prend le nom d'opus incertum ou d'opus reticulatum ou d'opus vittatum. L'art roman hérite de cette manière de concevoir les maçonneries.

La personne chargée de tailler les moellons s'appelle moelloneur, piqueur de moellons[3], ou épinceur.

  1. Joseph Mathieu Sganzin, Programmes ou résumés des leçons d'un cours de construction : avec des applications tirées principalement de l'art de l'ingénieur des ponts et chaussées, conformément au système d'enseignement adopté par le Conseil de perfectionnement de l'an 1806, Courcier, (lire en ligne).
  2. a et b Louis Cloquet, Traité d'architecture : murs, voûtes, arcades, Béranger, (lire en ligne).
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