Philosophie du langage

Les Ménines de Diego Velázquez (1657). « Mais le rapport du langage à la peinture est un rapport infini […] Ils sont irréductibles l'un à l'autre : on a beau dire ce qu'on voit, ce qu'on voit ne loge jamais dans ce qu'on dit, et on a beau faire voir, par des images, des métaphores, des comparaisons, ce qu'on est en train de dire, le lieu où elles resplendissent n'est pas celui que déploient les yeux, mais celui que définissent les successions de la syntaxe. Or le nom propre, dans ce jeu, n'est qu'un artifice : il permet de montrer du doigt, c'est-à-dire de passer subrepticement de l'espace où l'on parle à l'espace où l'on regarde, c'est-à-dire de les refermer commodément l'un sur l'autre comme s'ils étaient adéquats […] Peut-être y a-t-il, dans ce tableau de Velázquez, comme la représentation de la représentation classique, et la définition de l'espace qu'elle ouvre. » Michel Foucault, Les mots et les choses, introduction.

La philosophie du langage est la branche de la philosophie qui s'intéresse aux langages, et plus particulièrement à la signification, à la référence ou au sens en général, à son usage, à son apprentissage et à ses processus de création, ainsi qu'à sa compréhension, à la communication en général, à l'interprétation et à la traduction.

Bien que les problèmes philosophiques posés par le langage aient fait l'objet d'analyses dès Platon et Aristote ainsi que dans la philosophie médiévale et classique, on désigne plus particulièrement par philosophie du langage, en tant que champ spécifique, la tradition analytique qui s'est développée au XXe siècle, majoritairement dans la philosophie anglo-saxonne.

Toutefois, la philosophie continentale n'a pas délaissé le champ du langage, même si elle a développé une autre approche, en particulier à partir du concept d'intentionnalité dans la phénoménologie husserlienne. Ontologie, métaphysique et philosophie du langage sont en effet liées, et ce depuis Parménide, dans la mesure où le discours semble se référer au réel. Ces deux traditions, analytique et continentale, se sont croisées, par exemple lors du débat entre Jacques Derrida et John Searle ou encore par la formulation d'objections, par Hubert Dreyfus, à l'approche computationnaliste prônée par Jerry Fodor.