Porte-avions

Vue à la base navale de Norfolk, en avril 2017, du USS Gerald R. Ford (CVN-78), tête de sa classe, le plus gros porte-avions en service depuis 2017 (100 000 t en pleine charge).
Photo de groupe de porte-avions, porte-aéronefs et porte-hélicoptères d'assaut : le STOBAR CV Principe de Asturias, l'USS Wasp (LHD-1), le CATOBAR CV USS Forrestal et le STOBAR CV HMS Invincible (7 octobre 1991).

Un porte-avions ou un porte-aéronefs (aussi écrit au singulier porte-avion ou porte-aéronef depuis 1990[a]) est un navire de guerre permettant le lancement et la réception d'aéronefs (avions de combat, hélicoptères) à partir de son pont. Ces bâtiments sont dotés d’une puissance militaire considérable dont les capacités multiples en font des instruments d’une grande souplesse d’utilisation militaire ou diplomatique.

Capables d’assurer une projection de puissance garantissant une supériorité aérienne depuis la mer et sur la terre, les porte-avions sont de véritables bases aériennes pouvant se déplacer de mille kilomètres par vingt-quatre heures. Ils permettent de placer une force aérienne autonome en presque n'importe quel endroit du globe. Ce sont généralement de très grands navires et de véritables villes flottantes nécessitant un équipage de souvent plusieurs milliers de marins. Le porte-avions est le centre d'un groupe aéronaval constitué de plusieurs types de navires de guerre assurant autour du groupe un espace de sécurité aérienne, en surface et sous-marine. En raison d’un entretien extrêmement complexe et coûteux, l'exploitation d’un porte-avions est réservée à quelques rares États disposant des moyens industriels et d’un budget de défense importants.

Les porte-avions ont fait la démonstration de leur suprématie navale lors de la Seconde Guerre mondiale mais, dans les années d'après-guerre, de nombreux dirigeants américains considèrent que les progrès réalisés par les bombardiers à grand rayon d'action de l'US Air force rendent les porte-avions obsolètes. En 1949 la construction du USS United States, premier d'une série de cinq super porte-avions américains, est suspendue par le secrétaire d'État à la défense Louis A. Johnson. Quelques mois plus tard, la Corée du Nord envahit la Corée du Sud. Cette Guerre de Corée surprend le gouvernement américain et son armée. Les bases aériennes que l'US Air Force pensait utiliser pour ses avions sont maintenant sous contrôle de l'armée nord-coréenne, et les avions américains ne peuvent plus intervenir qu'en décollant de leurs bases du Pacifique situées sur l’île d'Okinawa et l’île de Guam. Le gouvernement ordonne en catastrophe la remise en service de quatre porte-avions réformés de la Seconde Guerre mondiale qui démontrent que les porte-avions ont toute leur utilité dans l'US Navy. Le gouvernement décide de relancer la construction de huit super porte-avions en dix ans, dont le premier est l'USS Forrestal[1].

Par sa puissance, sa mobilité, son autonomie et la variété de ses moyens, le porte-avions est souvent la pièce maîtresse des flottes de combat modernes. Sur le plan tactique, voire stratégique, il a remplacé le bâtiment de ligne dans le rôle de navire amiral. L'un de ses gros avantages est qu'en naviguant dans les eaux internationales, il n'occasionne aucune ingérence dans une quelconque souveraineté territoriale et permet de ce fait de s'affranchir des autorisations de survol de pays tiers (dont l'obtention peut prendre plusieurs semaines, même avec un pays ami, ou pire être refusée), de réduire les temps et distances de transit des avions, et par conséquent d'augmenter considérablement le temps de disponibilité sur la zone de combat.

Dès qu'une crise internationale se profilait, Henry Kissinger, le secrétaire d'État américain de 1973 à 1977 et prix Nobel de la paix en 1973 pour son action dans la résolution de la guerre du Viêt Nam et de la guerre du Kippour, ouvrait rituellement les réunions du conseil national de sécurité par la phrase : « Où sont les porte-avions ? ». Il clamait aussi : « Un porte-avions, c'est 100 000 tonnes de diplomatie »[2].


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  1. « US Navy, 100 ans d'histoire aéronavale », film américain de 2011 réalisé par Chana Gazit et Thomas Lennon.
  2. Frédéric Lert, « Porte-avions, des géants aux pieds d'argile ? », Science et Vie, no hors série 33,‎ .