Post-humanisme

Le post-humanisme est un courant de pensée né à la fin du XXe siècle, issu notamment des champs de la science-fiction, de l'art contemporain et de la philosophie, qui traite du rapport de l'humain aux technologies (biotechnologies incluses) et du changement radical et inéluctable que cette relation a provoqué ou risque de provoquer dans l'avenir[1]. Le mot aurait été publié la première fois par Peter Sloterdijk en 1999, lors d'un colloque consacré à Heidegger et à la fin de l'humanisme, Sloterdijk postulant « que le développement des technosciences imposait d'envisager un nouveau système de valeurs accompagnant la production d'êtres nouveaux et légitimant le pouvoir de ceux qui bénéficieront des technologies d'augmentation de l'être humain »[2]. Pour Sloterdijk, le transhumanisme, encore mal défini, serait une transition vers le posthumanisme. Il se veut international, avec une association World Transhumanist Association créée en 1988 puis renommée Humanity+[réf. souhaitée].

Selon cette conception, la science aurait modifié la condition humaine et serait capable de la modifier encore (par le génie génétique par exemple) au point que l'humanité serait à un tournant radical de son histoire[3], voire à la fin de son histoire[4]. Elle devrait aussi « s'élargir au non humain (cyborgs, clones, robots, tous les objets intelligents), l'espèce humaine perdant son privilège au profit d'individus inédits, façonnés par les technologies »[2].

Certains des tenants de cette vision appellent à une révision des « conceptions sociologiques, éthiques, politiques et culturelles dans le rapport de l'homme avec lui-même et à la machine »[5]. D'autres pensent qu'il est nécessaire de ralentir ou de renverser cette évolution qu'ils perçoivent comme une dégradation[6].

L'intérêt contemporain pour le posthumanisme transparait également au niveau de la production et de la théorie littéraires. Alors que l'on associait encore le posthumanisme et la figure du posthumain au genre de la science-fiction au début du XXIe siècle, le nouveau concept catégoriel de « littérature du posthumain »[7] directement lié à ces thématiques semble de plus en plus s'imposer dans le monde

  1. Francis Fukuyama, La Fin de l'homme. Les conséquences de la révolution biotechnique, Paris, La Table ronde, 2002, 366 pages et [1]
  2. a et b chapitre B Les défis du transhumanisme, Rapport d'office parlementaire sur L'impact et les enjeux des nouvelles technologies d'exploration et de thérapie du cerveau, Rapport no 476 (2011-2012) de MM. Alain Claeys, député et Jean-Sébastien Vialatte, député, fait au nom de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, déposé le 13 mars 2012
  3. Jean-Michel Hoerner, Université de Perpignan
  4. Interview intitulée "Le post-humanisme avec Jean Michel Besnier", pour l'émission Les Racines du ciel (France-Culture) par Frédéric Lenoir, Leili Anvar ; dimanche de 7h05 à 8h ; 53 minutes 01.06.2014
  5. Alain de Neve, diplômé d'études approfondies en sciences politiques de l'université catholique de Louvain (UCL), chercheur au Centre d'études de Défense (CED), Institut royal supérieur de Défense (IRSD), Belgique. Membre du Réseau multidisciplinaire d'études stratégiques [2]
  6. In Defence of Posthuman Dignity, Bioethics, vol. 19, no 3, p. 202-214 Bostrom, Nick.(2005).
  7. Mohamed Sami Alloun et Bachir Bouattou, « Le genre du posthumain : des transhumanismes à la théorie francophone », Multilinguales, no 19,‎ (ISSN 2335-1535, lire en ligne, consulté le )