Les siku, taika, sanga (ou zanka), bordón, toyo, malta, liku, chulli, connus aussi sous le nom espagnol de zampoña[1],[2], sont des flûtes polycalames (à plusieurs tubes groupés), andines, connues en Europe depuis la conquista des régions andines par les espagnols au XVIe siècle. Ces mots recouvrent diverses tailles de zampoña mais en France, par abus de langage, on les nomme souvent tous siku, comme une sorte de terme générique. Le musicien qui joue du siku se nomme sikuri, ou parfois sikuriste. Mais sikuri peut aussi désigner, dans certaines régions, une série de sikus de tailles différentes ou « troupe », ou même un groupe de musiciens jouant de cette « troupe ».
Ce sont des flûtes de pan répandues dans nombre de populations notamment l'ethnie Aymara, les Quechuas, les Chipayas et les Chiriguanos vivant au Pérou, au Chili, en Bolivie, en Argentine et au Paraguay. Mais ils sont avérés du sud du Chili et de l'Argentine jusqu'au Mexique et plus rarement chez certaines tribus indiennes des États-Unis voire du Canada, et ce depuis parfois 4200 av. J.-C.[3].
Dans la seconde moitié du XXe siècle, des groupes de musique plurinationaux venus entre autres d'Amérique Latine (notamment d'Argentine), comme Los Incas et Los Calchakis, ont introduit ces instruments en Europe en même temps que la kena et le charango, autres instruments andins en vogue particulièrement dans le Paris des années 1950 et 1960 lequel a connu à cette époque un épanouissement remarquable des musiques latines et andines dans le justement nommé Quartier latin. Puis, avec d'autres musiciens sud-américains comme l'argentin de la Quebrada de Humahuaca Uña Ramos, deux groupes français les ont popularisés et enseignés dès les années 1970, les groupes Los Chacos (avec leur volume 3 qui y est entièrement consacré) et Pachacamac. Plusieurs groupes de musiciens et enseignants avaient alors créé des ateliers au sein de conservatoires ou des stages pour exploiter la valeur pédagogique de ces instruments et de l'ensemble de la musique andine ou sud américaine. Le caractère festif de ces musiques et l'abord relativement simple de l'instrument, ainsi que la possibilité de fabriquer facilement son propre instrument, ouvrent rapidement le champ des possibles au débutant. Plusieurs stages subsistent encore aujourd'hui dans toute la France. Un festival de siku se tient à Marseille en 2022.