Stentor

Dans la mythologie grecque, Stentor (en grec ancien Στέντωρ / Sténtôr) est un crieur de l'armée des Grecs lors de la guerre de Troie.

Son nom vient du verbe στένειν / sténein qui signifie « gémir profondément et bruyamment, mugir »[1]. Il reste dans l'expression populaire « avoir une voix de Stentor » qui, dès l'Antiquité[2],[3], signifie avoir une voix très puissante, retentissante et parfaitement audible.

Il n'apparaît pourtant qu'une seule fois dans la littérature grecque[4],[5] et de manière indirecte, lorsque, au chant V de l’Iliade, Héra revêt l'apparence de ce personnage pour encourager Diomède et ses hommes face à l'assaut troyen :

« Héra, la déesse aux bras blancs, s'arrêta et, prenant les traits du valeureux Stentor, qui, de sa voix de bronze, faisait autant de bruit que cinquante hommes, s'écria […][6] »

Il partage avec Achille sa « voix de bronze »[7]. Les scholiastes d'Homère précisent que Stentor est d'origine thrace, qu'il est le premier à se servir d'une conque comme trompette de guerre et qu'il est mis à mort après avoir été vaincu par le dieu Hermès dans une joute vocale[8].

  1. Pierre Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Paris, Klincksieck, 1999 (édition mise à jour), 1447 p. (ISBN 978-2-25203-277-0) à l'article στένω.
  2. Aristote, Politique (lire en ligne), Livre IV, 1326b 6-7.
  3. Aristote, p. 2499
  4. (en) G. S. Kirk (éd.), The Iliad: a Commentary, vol. II : Chants V-VIII, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-28172-5), commentaire des vers V, 784-786.
  5. © Digital Library. Ed. Maria C. Pantelia. University of California, Irvine, « Thesaurus Linguae Graecae » (consulté le )
  6. Modèle:HomIi, V, 784-786. Extrait de la traduction de Frédéric Mugler pour Actes Sud, 1995.
  7. Stentor est dit « à la voix de bronze » (χαλκεόφωνος / khalkeóphônos) au vers V, 785 ; Achille, de même, a une « voix de bronze » (ὄπα χάλκεον / ópa kálkeon) au vers XVIII, 222.
  8. Eustathe de Thessalonique, Commentaire de l'Iliade, ad loc. ; scholies exégétiques des vers II, 96 et V, 784-786.