Translation (reliques)

Chapiteau de la translation des reliques de saint Étienne, église Saint-Étienne de Lubersac, en Limousin.

Dans le christianisme, la translation des reliques (en latin translatio) est un processus ritualisé de déplacement des restes d'un saint ou d'objets saints depuis un lieu vers un autre. Il s'agit typiquement du déplacement de reliques depuis une tombe ou un lieu de culte vers un autre plus prestigieux, monastère, église ou cathédrale. La translation donne lieu à une cérémonie solennelle d'autant plus fastueuse que la relique est d'une classe importante. Elle porte d'ailleurs, dans la littérature hagiographique médiévale, le titre significatif de « triomphe ».

Cette translatio participe le plus souvent à la consécration d'un lieu lors de sa dédicace, ou au processus de la canonisation d'une personne, même si cette translation n'est pas une reconnaissance en elle-même de la sacralité du lieu ou de la sainteté du personnage. Leur importance est telle que ces translations jalonnent les étapes de la christianisation. Elles ont joué ainsi un rôle important de légitimation et d'officialisation du culte du saint à un endroit donné (chapelle, église, hagiotoponyme…), la distribution et la dispersion des reliques permettant d'affirmer ou de réaffirmer le pouvoir d'un seigneur, d'un évêque ou d'un abbé du sanctuaire où elles reposent et qui favorisent les pèlerinages. Elles servent aussi les intérêts d'individus, de grandes familles ou de communautés privées qui cherchent à se les approprier pour leurs usages apotropaïques (reliques exposées dans les oratoires de leurs demeures ou portées dans des petits reliquaires). Les corps des saints, vrais ou faux, sont ainsi démembrés, donnés, échangés, volés, vendus, favorisant un commerce des reliques qui tente sans le réussir de garantir l'authenticité des reliques par des procès-verbaux concernant leur reconnaissance et des « authentiques » (morceaux de parchemins qui identifient chaque pièce)[1].

  1. (en) John Wortley, « The origins of Christian veneration of body-parts », Revue de l’histoire des religions, vol. 223,‎ , p. 5-28