La typologie linguistique est une branche de la linguistique et un mode de classification des langues, qui s’occupe de l’établissement de groupes selon certains traits structurels communs, par lesquels ils se distinguent[1],[2],[3].
Cette typologie diffère d’autres modes de classification des langues. L’une est généalogique, concernant l’étude comparative historique des ressemblances et différences entre langues apparentées, établissant des classes généalogiques (familles de langues et branches à l’intérieur de celles-ci). La typologie linguistique se distingue également de l’étude des langues en contact, y compris non apparentées, qui s’influencent réciproquement, groupées en unions linguistiques[1],[3], comme l’union linguistique balkanique[4].
La typologie linguistique est une discipline synchronique, c’est-à-dire elle traite les langues en leur état actuel. Cependant, une langue peut aussi être étudiée du point de vue de l’évolution de son type structurel, qui peut changer. Ainsi, des langues comme le français, le bulgare ou l’anglais ont-elle évolué du type morphologique synthétique vers le type analytique (voir plus bas)[3].
Aucune langue n’est d’aucun type de manière absolue. Les types sont des abstractions théoriques, établies par raisonnement déductif, et l’appréciation de l’encadrement d’une langue particulière dans un type ou un autre est quantitatif et comparatif, chaque langue étant plus ou moins proche du type idéal. Par exemple, on ne peut parler que de langues plus ou moins analytiques, respectivement plus ou moins synthétiques que d’autres[5],[2],[3].
L’étude typologique des langues va de pair depuis ses débuts avec celle des universaux linguistiques. Ce sont des traits communs à toutes ou à la plupart des langues, parmi lesquels on choisit les paramètres typologiques qui servent à établir la typologie linguistique. La catégorie « sujet », par exemple, est un tel paramètre. L’existence de cette fonction syntaxique est quasi-universelle, mais certaines possibilités de son expression distinguent entre eux certains groupes de langues[6]. Ainsi y a-t-il des langues comme l’italien ou le roumain, dans lesquelles le sujet peut ne pas être exprimé par un mot à part, mais seulement par la désinence du verbe, appelées en anglais des langues pro-drop (de pronoun-dropping « chute du pronom »), en contraste avec des langues comme le français ou l’anglais, appelées langues non-pro-drop, où cette possibilité est limitée, non caractéristique[7].
Le classement typologique ne groupe pas les langues prises chacune dans son ensemble, comme le fait le classement généalogique, mais sur la base de certains de leurs traits structurels communs. Par conséquent, une langue donnée peut faire partie de plusieurs groupes typologiques[8]. Le BCMS[9], par exemple, fait partie du groupe des langues qui n’ont pas d’article défini[10], avec le russe et d’autres langues slaves[11], et en même temps du groupe des langues qui ont des pronoms personnels clitiques (atones, conjoints)[12], avec les langues romanes[13].
Un trait commun à un groupe n’est pas unique, mais s’associe à d’autres traits communs au même groupe. Par exemple le caractère postposé de l’article défini est en relation avec le fait que le déterminé (le terme régissant) précède normalement son épithète ou son complément, comme en roumain[14]. Une association plus complexe est celle du caractère pro-drop avec une flexion verbale riche, la possibilité d’intervertir les places du sujet et du prédicat, la possibilité d’extraire le sujet de la proposition subordonnée, etc.[3].