Universaux linguistiques

En linguistique, les universaux sont des catégories, des propriétés, des relations, des tendances considérées comme étant communes à toutes les langues, bien que celles-ci soient très différentes à bien des égards[1],[2],[3],[4],[5].

Il y a des universaux phonologiques, grammaticaux, sémantiques, lexicaux, pragmatiques, stylistiquesetc., il en existe donc dans tous les domaines de la langue[5].

Dès l’Antiquité, Aristote a eu l’intuition que toutes les langues se soumettent à des principes communs. Il a jeté les bases de la grammaire générale, ayant le souci d’élaborer une théorie de la proposition en tant qu’aspect de la logique formelle[6]. Au Moyen Âge (XIIIe et XIVe siècles), les scolastiques affirmaient, dans un esprit universaliste, la détermination de la langue par la pensée et comme celle-ci est commune à toute l’humanité, ils en ont déduit que toutes les langues sont pareilles en essence, les différences n’étant que superficielles[7]. L’idée de la grammaire générale a reparu au XVIIe siècle, développée dans la Grammaire de Port-Royal[8] qui part du postulat que le langage, image de la pensée, exprime des jugements, ce qui se réalise dans les diverses langues selon des schémas logiques universels[6].

L’intérêt pour les universaux linguistiques s’est accru après 1960, surtout par les recherches du linguiste américain Joseph Greenberg[2], puis, entre autres, par les travaux du linguiste également américain Noam Chomsky concernant la grammaire universelle, dans le cadre plus large de la grammaire générative[5]. Ces recherches sont importantes pour éclaircir le processus d’apprentissage des langues[2] et dans le domaine de la traduction automatique[1].

L’établissement des universaux se fait de deux manières. L’une est empirique, consistant en l’obtention des généralisations sur la base de l’analyse et de la comparaison d’un nombre le plus grand possible de langues, qui peut être augmenté par la découverte de nouvelles langues qu’on inclut dans la comparaison. Une autre manière est celle de Chomsky. Elle fonctionne par déduction à partir d’un petit échantillon de langues, d’un modèle linguistique applicable à la description de toute langue, modèle qui comprend un inventaire de principes et de règles universelles, ainsi qu’un inventaire de catégories fondamentales[5].

La recherche dans le domaine des universaux va de pair avec celle dans le domaine de la typologie linguistique, la sélection des paramètres typologiques se faisant dans l’inventaire des catégories et propriétés jugées universelles[5].

  1. a et b Dubois 2002, p. 500-501.
  2. a b et c Bussmann 1998, p. 1247-1248.
  3. Eifring et Theil 2005, chap. 3, p. 2.
  4. Crystal 2008, p. 504.
  5. a b c d et e Bidu-Vrănceanu 1997, p. 528-530.
  6. a et b Dubois 2002, p. 213.
  7. Kálmán et Trón 2007, p. 24.
  8. Antoine Arnauld et Claude Lancelot, Grammaire générale et raisonnée, Paris, 1660 (consulté le ).