Encore un jour à se l'ver
En même temps que le soleil
La face encore un peu poquée
D'mon quatre heures de sommeil (yeah!)
J'tire une coup' de poffes de clope
Job done pour les vitamines
Pis un bon café à l'eau d'moppe
Histoire de s'donner meilleure mine
J'prends le Florida Turnpike
Demain soir j't'à Montmagny
Non trucker c'pas vraiment l'Klondike
Mais tu vois du pays (yeah!)
Surtout ça t'fait réaliser
Que derrière les beaux paysages
Y'a tellement d'inégalités
Et de souffrance sur les visages
La question qu'j'me pose tout l'temps:
Mais comment font tous ces gens
Pour croire encore en la vie
Dans cette hypocrisie?
C'est si triste que des fois quand je rentre à la maison
Pis que j'parke mon vieux camion
J'vois toute l'Amérique qui pleure
Dans mon rétroviseur...
Moi je traîne dans ma remorque
Tous les excès d'mon époque
La surabondance surgelée
Shootée, suremballée (yeah!)
Pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre
Que notre insouciance est repue
C'est dans le fond des containers
Que pourront pourrir les surplus
La question qu'j'me pose tout l'temps:
Mais que feront nos enfants
Quand il ne restera rien
Que des ruines et la faim?
C'est si triste que des fois quand je rentre à la maison
Pis que j'parke mon vieux camion
J'vois toute l'Amérique qui pleure
Dans mon rétroviseur...
Sur l'Interstate 95
Partent en fumée tous les rêves
Un char en feu dans une bretelle
Un accident mortel (yeah!)
Et au milieu de ce bouchon
Pas de respect pour la mort
Chacun son tour joue du klaxon
Tellement pressé d'aller nulle part
La question qu'j'me pose tout l'temps:
Mais où s'en vont tous ces gens?
Y'a tellement de chars partout
Le monde est rendu fou
C'est si triste que des fois quand je rentre à la maison
Pis que j'parke mon vieux camion
J'vois toute l'Amérique qui pleure
Dans mon rétroviseur...
Un aut' truck stop d'autoroute
Pogné pour manger d'la ch'noute
C'est vrai que dans la soupe du jour
Y'a pu' tellement d'amour (yeah!)
On a tué la chaleur humaine
Avec le service à la chaîne
À la télé un aut' malade
Vient d'déclencher une fusillade
La question qu'j'me pose tout l'temps:
Mais comment font ces pauvres gens
Pour traverser tout le cours
D'une vie sans amour?
C'est si triste que des fois quand je rentre à la maison
Pis que j'parke mon vieux camion
J'vois toute l'Amérique qui pleure
Dans mon rétroviseur...
Ouais, n'empêche que moi aussi
Quand j'roule tout seul dans la nuit
J'me d'mande des fois c'que j'fous ici
Pris dans l'arrière-pays (yeah!)
J'pense à tout c'que j'ai manqué
Avec Mimi pis les deux filles
Et j'ai ce sentiment fucké
D'être étranger dans ma famille
La question qu'j'me pose tout le temps
Pourquoi travailler autant
Éloigner de ceux que j'aime
Tout ça pour jouer la game
C'est si triste que des fois
Quand j'suis loin de la maison
Assis dans mon vieux camion
J'ai tout' l'Amérique qui pleure
Que'que part au fond du cœur
__________________________________________________________________________________________________________________________________
Si je m'arrête un instant
Pour te parler de ma vie
Juste comme ça tranquillement
Dans un bar, rue St-Denis
J'te raconterai les souvenirs
Bien gravés dans ma mémoire
De cette époque où vieillir
Était encore bien illusoire
Quand j'agaçais les p'tites filles
Pas loin des balançoires
Et que mon sac de billes
Devenait un vrai trésor
Et ces hivers enneigés
À construire des igloos
Et rentrer les pieds g'lés
Juste à temps pour Passe-Partout
Mais au bout du ch'min, dis-moi c'qui va rester
De la p'tite école et d'la cour de récré
Quand les avions en papier ne partent plus au vent
On se dit que l'bon temps passe finalement
Comme une étoile filante
Si je m'arrête un instant
Pour te parler de la vie
Je constate que bien souvent
On choisit pas, mais on subit
Et que les rêves des ti-culs
S'évanouissent ou se refoulent
Dans cette réalité crue
Qui nous embarque dans le moule
La trentaine, la bedaine
Les morveux, l'hypothèque
Les bonheurs et les peines
Les bons coups et les échecs
Travailler, faire d'son mieux
N'arracher, s'en sortir
Et espérer être heureux
Un peu avant de mourir
Mais au bout du ch'min, dis-moi c'qui va rester
De notre p'tit passage dans ce monde effréné
Après avoir existé pour gagner du temps
On s'dira que l'on était finalement
Que des étoiles filantes
Si je m'arrête un instant
Pour te parler de la vie
Juste comme ça tranquillement
Pas loin du carré Saint-Louis
C'est qu'avec toi je suis bien
Et qu'j'ai pu' l'goût de m'en faire
Parce que tsé, voir trop loin
C'pas mieux qu'r'garder en arrière
Malgré les vieilles amertumes
Et les amours qui passent
Les chums qu'on perd dans' brume
Et les idéaux qui se cassent
La vie s'accroche et renaît
Comme les printemps reviennent
Dans une bouffée d'air frais
Qui apaise les coeurs en peine
Ça fait que si à' soir t'as envie de rester
Avec moi, la nuit est douce, on peut marcher
Et même si on sait ben que tout' dure rien qu'un temps
J'aimerais ça que tu sois pour un moment
Mon étoile filante
Mais au bout du ch'min, dis-moi c'qui va rester
Mais au bout du ch'min, dis-moi c'qui va rester
Que des étoiles filantes