Penser en valeur consiste à ne penser une chose que sous l'angle de son évaluation autrement dit « à l'aune et en fonction de quelque chose d'autre »[1]. Parler de valeur c'est « chercher ce qui vaut » et ainsi poser le problème de l'action et de son fondement légitime. Évaluer et agir sont liés. Nietzsche affirme dans la Généalogie de la morale « l'homme se désigne comme l'être qui estime des valeurs, qui apprécie et évalue, comme "l'animal estimateur par excellence" ».
L'« axiologie » autre nom de la philosophie de la valeur, essaie de définir et de justifier des valeurs ; elle s’organise autour des concepts de « bon » et de « mauvais ». Il existerait une hiérarchie universelle de tous les êtres, si bien que certains comportements, ou certaines choses valent mieux que d’autres, sont supérieurs ou inférieurs, et sont donc pris dans une hiérarchie des valeurs qui manifesterait ainsi une sorte d'ordre objectif.
Dépassant le cadre initial de réponse à une certaine question éthique, il y a une axiologie qui prétend se situer au centre de la perspective sur la vérité de l'être. La « valeur » devient alors la réalité primordiale à partir de laquelle il faut comprendre et ordonner la totalité du monde[2]. Pour Jean Langlois[2], l'axiologie « s’insère dans l’évolution qui va de l’humanisme philosophique de la Renaissance à l’existentialisme contemporain ».
La question inévitable lorsque l’on parle de valeurs c'est leur justification : « sur quoi sont-elles fondées ? ». D'où l'interrogation qui suit : « Comment rendre compte du sens des valeurs en les asseyant sur des principes ultimes ? »[3]. Très tôt, une fois passé le cadre de la foi religieuse qui décidait de l'extérieur de ce qui avait valeur pour l'homme « les philosophes ont cherché (avec plus ou moins de succès) dans l'objectivité des valeurs le symbole, la cause et la garantie de leur fondement » remarque Raymond Polin[4].