Le terme de vendanges tardives (Spätlese en allemand) est une mention traditionnelle au sens du droit européen qui désigne un vin issu de raisins dont la récolte est retardée, volontairement ou non. Cela a pour conséquence d'obtenir généralement des raisins en surmaturité.
Ces raisins plus mûrs donnent des vins riches en sucre et en alcool, aux goûts puissants, souvent moelleux. La pratique est très ancienne, présente dans de très nombreux vignobles à travers le monde. On trouve aussi le terme technique de passerillage sur souche pour caractériser le raisin laissé sur pied.
Ces vins sont à différencier des vins eux aussi moelleux produits avec l'aide de la pourriture noble (vins botrytisés du Bordelais et du Sud-Ouest, sélection de grains nobles en Alsace, Auslese, Beerenauslese et Trockenbeerenauslese en Allemagne et en Autriche), ou par dessèchement (vin de paille, manzanilla)
Le principe des vendanges tardives auraient été inventé à Senones au XIIIe siècle. En effet le moine Richer de l'abbaye de Senones rapporte qu'en 1258, outre une grande épidémie de peste qui décima le bétail, un été humide et peu ensoleillé gâta toutes les récoltes de la vallée du Rabodeau. Sur les pentes bien exposées du territoire de cette abbaye vosgienne, on travaillait alors des vignes (il n'en existe plus aujourd'hui), et les raisins n'étaient toujours pas mûrs début octobre. L'abbaye décida donc de reporter les vendanges à la fin du mois: c'était sans compter sur un épisode de gelée lors de la 3e semaine d'octobre qui "prit la vigne en glace". On décida tout de même de récolter les raisins et ils donnèrent un vin d'une grande qualité. En 1259, on décida malgré une très bonne année, de garder intactes quelques vignes pour les premières gelées afin de recommencer l'expérience[1].